Je fais les poches
Par temps de crise, les livres de poche, c'est du plaisir
pour un peu moins cher, et encore mieux lorsqu'on les chine
à 0,50€ dans les vide-greniers.
Voici les trois derniers coups de coeur.
Par un matin d'automne
de Robert Goddard
Années 90 : Leonora Galloway emmène sa fille se recueillir sur la tombe
de son propre père, mort au combat le 30 avril 1916.
Le souci est que Leonora est née le 14 mars 1917.
Faites le calcul : qui est son vrai père ?
Au fil de l'histoire se succéderont des personnages dont les masques
tomberont petit à petit : une marâtre nymphomane, un américain vaniteux,
un compagnon de guerre devenu détective de fortune, une orpheline
taciturne, un docker amoureux...
Ce roman de suspense, qui est aussi une belle histoire romantique,
risque de vous emmener jusqu'au petit matin sans vous lâcher.
Avec ce livre, je vous promets des moments de grand plaisir,
dans une ambiance oscillant entre l'atmosphère de "Downton Abbey"
et celle des meilleurs Agatha Christie.
extrait:
"Aujourd'hui, en ce bout du monde, une page va être tournée sur un rêve, un secret va être dévoilé. Nous sommes à Thiepval ; seul l'épais brouillard d'un matin d'automne parvient à dissimuler l'imposante arche de brique du mémorial des disparus de la Somme, témoignage de notre conscience collective. C'est là que Leonora Galloway a amené sa fille pour entamer le récit de ce qu'elle a mis elle-même si longtemps à comprendre."
Amélie, sans mélo
de Barbara Constantine
Autant vous le dire : l'héroïne, Mélie, a 72 ans. Elle vit à la campagne
et ses cops s'appellent Marcel, Raymond, Gérard... et Léon le chaton.
Sa petite-fille Clara dite Clarinette vient la rejoindre pour y passer
quelques jours de vacances.
Elle en apprendra des choses cet été-là !
C'est une histoire sans histoire où l'on regarde pousser les bambous,
où l'on chante Bobby Lapointe, où l'on observe une araignée se tricoter
un napperon, où l'on roule en mobylette, où l'on fait de
la confiture de prunes, juste de prunes.
Un petit monde comme autrefois mais qui vit aujourd'hui.
Un petit monde coloré et terriblement attachant, proposé
par Barbara Constantine (fille d'Eddie, pour les nostalgiques de la Môme-Vert-de-Gris)
Ce livre, ce n'est que de la fraîcheur et rien d'autre dans la morosité actuelle,
comme une pâquerette dans un champ de mines, vous voyez ?
Extrait :
"...Je n'ai plus peur de perdre mon temps. Ni de m'embarrasser de détails. Que l'essentiel... Tailler la glycine, regarder le chat dormir au soleil, relire Poil de Carotte, planter de nouveaux arbres fruitiers..."
Grandir
de Sophie Fontanel
Pas un roman, ni un essai, enfin un peu des deux : l'histoire universelle
et éternelle de nos rapports avec nos parents, en l'occurrence ceux de Sophie Fontanel,
journaliste à Elle, avec une mère dont la mémoire parfois claque la porte
sans demander son reste, dont les jambes traitreusement décident d'abandonner le terrain,
mais qui conserve envers et contre tout une coquetterie de jeune fille à marier.
Les phrases sont courtes, simples, on pourrait croire aux confidences d'une amie chère,
qui fait tout et encore d'avantage pour préserver cette vie qui vacille,
et qui craque parfois de découragement face à l'inéluctable.
Triste, sans doute, mais aussi tellement drôle, tellement tendre, tellement vrai.
Extrait :
"L'arbre que tu plantes dans ton jardin, pour toi ce ne va être qu'une galère de tuteurs. Mais un jour, pour d'autres, l'acacia s'élèvera dans le ciel, où tu seras déjà, et il fera de l'ombre à ceux de ton sang, et toi tu n'en feras plus à personne.(...)Une soirée d'été, quelqu'un de ta descendance sera là sous cet arbre, à humer la douceur (...)Il se sentira accueilli dans une plénitude, sous l'arbre muet la nuit. Alors il se dira : " D'où me vient tout cet amour?"
*cailloux ramassés sur la plage de Villerville où fut tourné "Un singe en hiver"*
*guirlandes maladroites fabriquées en étroite collaboration avec une petite fille de 6 ans*