Trésors de France : les savonnettes Roger & Gallet
C'était le petit cadeau en plus, glissé dans le chausson au pied du sapin,
celui que personne n'avait commandé, qui ne figurait sur aucune liste.
Un cadeau de tante lointaine, ou de marraine un peu prise au dépourvu.
Bien calées au coeur d'un papier de soie
dans leur jolie boîte rococco, elles allaient par trois.
Après, on pouvait garder la boîte pour ranger des crayons.
Les premières que j'ai reçues s'appelaient "oeillet mignardise".
On m'en a offert beaucoup d'autres depuis, et je ne m'en lasserai jamais.
Les parfums sont plus modernes, les packaging plus pratiques,
mais les gestes restent:
Ôter la bague si belle qu'on s'en ferait bien un bracelet,
décoler la pastille monogrammée,
déplier la soie du papier artistement plissé...
La rondeur de l'objet emplit la main...
{on se souvient même qu'avec ses très petits doigts
on n'en faisait pas le tour}
Et puis frotter, mais pas trop, pour ne pas effacer
du premier coup l'inscription gravée
dans la chair tendre de la savonnette.
Se laver les mains ?
Un jeu d'enfant !