Les dimanches
J'ai longtemps détesté les dimanches, symboles d'ennui, de vacuité
et d'enfermement, un arrêt sur images de la vraie vie.
Et puis l'on change.
Et le temps vous apprend à quel point chaque instant de vie
peut être précieux, quel que soit le jour de la semaine !
J'aime tout particulièrement les dimanches matin.
Sans doute me faudrait-il le talent d'un Delerm, d'une Colette ou d'un Bobin
pour les décrire au mot près.
Une fois les corvées d'usage expédiées - si l'on a pris la peine
et le temps de s'avancer un peu tout au long de la semaine -
on peut marquer une pause et balader son mug de café de pièce en pièce,
se mettre à la fenêtre pour sentir la ville qui s'ébroue de sa courte nuit,
qui bruisse déjà des appels du marché tout proche,
écouter les cloches de l'église voisine
(j'ai toujours vécu à portée d'oreille d'une église,
dans tous les arrondissements où m'ont menés les aléas de la vie)
choisir une musique qui accompagnera la lecture d'un beau livre,
changer l'eau des fleurs,
puis repartir dans l'action, laver, éplucher, trier,
régler le four, goûter ce qui cuit dans la casserole,
dresser un couvert différent,
aller voir les chats - l'un endormi, l'autre assoupi,
quelle vie de misère ! -
Se disperser sans culpabilité, s'asseoir enfin sur ce canapé
que seuls les amis invités ont jusqu'à présent testé,
refermer le livre, sentir le sommeil venir, le laisser faire,
et se mettre au diapason des chats.
Rien ne bouge, pour une fois, alors profiter et se taire.
domenica /do.'me.ni.ka/ féminin
1. dimanche
Et puis, j'ai bien un prénom prédestiné à les aimer, ces dimanches...
{plateau vert Ikea, torchon et cuiller
en porcelaine rose Monoprix, meringues Fossier}