On ne parle plus que de ça
Pendant les dîners entre amis.
On se souhaite encore la bonne année,
on se raconte les projets,
on parle des enfants qui grandissent, des parents qui vieillissent,
on déguste une tarte maison, on se chamaille sur l'année du vin,
on rit trop fort pour les voisins (hé! 2 heures du mat' quand même !)
on fait défiler des photos sur les smartphones,
chacun y va de sa petite video...
Puis quand arrivent les marrons glacés, le café,
qu'un choix s'opére entre la vieille prune,
le cognac XO et le Calva du petit producteur normand,
les voix retombent, on soupire parce tout à coup "ça" revient...
On ne comprend toujours pas, on est triste
"je peux pas croire qu'ils soient morts",
on essaie de raisonner, mais que viendrait faire
la raison là-dedans ?
On pense à cette jeune femme qui aurait pu être notre fille,
à tous ceux qui ont été au mauvais endroit,
à la mauvaise heure.
On n'a pas vraiment peur, non, on est juste interdits, stupéfaits.
Et tout continue pour nous, heureux vivants, on boit, on rit,
on mange, on aime, on râle, on bosse, on blogue,
on prend de jolies photos pour faire un chouette billet à partager,
parce qu'il faut avancer, et qu'on vient tout à coup de réaliser
violemment combien est ténu le fil qui nous relie au vivant.