Impatience
Lorsque l'idée de ce billet m'est venue , le printemps semblait avoir installé
son premier souffle tiède dans les rues de Paris. Je voyais du rose partout.
Un rose ni dragée ni buvard, pas vraiment poudré ni framboise, et
encore moins et surtout pas bonbon... Un rose printemps en fait, couleur
des premières petites fleurs naissantes.
{ces fleurs ornent le long mur d'enceinte du cimetière Montparnasse}
Mais l'hiver n'ayant manifestement pas l'intention de se laisser expulser
sans réagir, une bonne salve de flocons vengeurs s'est alors mise à tomber
sur les bourgeons précoces. Bon gré mal gré il a bien fallu retrouver
la douceur de la laine, celle des petits cafés brûlants, trop nombreux,
celle du pelage tiède de mes chats, des bougies qu'on allume dès onze heures
du matin, et je vous fais grâce de celle des madeleines vanillées
dévorées dans la mélancolie des fins d'après-midi.
{cuiller Sabre; coussin Lafayette maison}
Bref, un temps à ranger, à trier, à répertorier, à se débarrasser,
à prendre conscience de tout ce que l'on possède en surnombre.
On compte ses coussins, ses petits paniers, ses grands paniers, ses mugs,
ses photophores, ses crayons-gommes, ses tee-shirts délavés, ses boites,
(qu'on adore) ses rouleaux de masking-tape, ses flacons de parfum vides
mais si jolis... et comme Sha-ne-no,on aimerait avoir le courage
de tenter le fameux Minsgame dont je rappelle les règles :
il s'agit de faire un tri drastique dans tout ce qui traîne
dans une maison, mais d'une façon très méthodique.
{cuiller Dentelles Oxydées; coussin La cerise sur le gâteau; carnet Hema}
Le premier jour, on se débarrasse d’une chose, le second, de deux choses,
le troisième, de trois… etc. Et ce, jusqu’au 30e ou 31e jour.
Imaginez : 31 choses à jeter en une seule journée ! Ma boîte à boutons,
peut-être, étant donné que je ne couds jamais, et que je désespère
de voir un jour mes petites-filles jouer avec comme j'ai pu le faire
autrefois pendant des heures avec celle de ma grand-mère.
{Matriochka et Pavlova pâtisserie Pouchkiine}
En attendant de prendre cette sage décision, et puisqu'il faut se remettre
en mode hiver, renouer avec la ligne 13 qui vous offre tant de
chaleur humaine, descendre à Saint Lazare, et en trois sauts se retrouver
chez Pouchkine place de la Madeleine pour choisir deux pâtisseries
annonciatrices d'une belle soirée, retrouver le rose tant aimé
dans ce simple bouquet, s'amuser à faire des découpages dans des
catalogues pour casser le blanc ou le noir de certains murs,
programmer quelques week-ends dans des villes
encore inconnues... et attendre les beaux jours.