Les bruits de l'automne
Le murmure du vent, le craquement des feuilles qui se déchirent
sous les pas, le martellement de la pluie sur les vitres de la véranda,
et, plus prosaïquement, les premiers éternuements enfouis sous la laine
de l'écharpe nouvellement tricotée, voici l'automne, ou presque...
{couvert d'automne dressé sur la vieille table; l'or au fond du jardin;
bébé des faïenceries Henriot Quimper}
Un automne sans doute très perturbé, assassin en territoire occitan,
presque doux comme un bel août à Paris, il peine à se reconnaître
dans les parcs et jardins traumatisés par un été trop sec.
{Les allées du cimetière paysager de Bagneux : on y croise les tombes de Barbara,
Oscar Wilde, Jacqueline Maillan...}
Mais sa beauté tardive ne l'empêche pas de s'installer à pas de loup
dans les endroits qui siéent à sa rousseur.
Quoi de plus beaux que ces cimetières paysagers pour lui rendre hommage,
loin des cris et près des chuchotements ?
{quelques toutes petites noisettes offertes par un écureuil de passage;
mini couronne Mint & Lilies; plat et cuiller à beurre, modeste et précieux
héritage de mon arrière-grand-mère}
Les plaisirs enfantins ressurgissent, comme toujours chaque année,
impossible de résister... On ramasse, on cueille, on glane, on grappille.
Des noisettes sur le chemin, des marrons dans la cour, de la bruyère
sur les Landes... Que celle ou celui qui ne s'y est jamais adonné
me jette la première feuille morte !
Le bruit des plaisirs gourmands, ah ceux-là je ne risque pas de les oublier.
C'est le frémissement de la bouilloire dans la perspective d'un thé brûlant,
c'est le grésillement caramélisé du gâteau au moment où l'on entrouvre
la porte du four. Les dernières parts englouties, on se rabat sur les munitions!
Les trop mignonnes matriochkas de Kusmi en sablés accompagneront merveilleusement
leur thé Tsarevna, et si ensuite on complète cette pause par une promenade
mains dans les poches au jardin des Tuileries tout en ors et cuivres,
la journée ne sera finalement pas perdue.
Au jardin dans l'ouest, il y a encore quelques tomates côtelées et rebondies
pour une dernière salade, où elles s'accoquineront avec la mozza,
arrosées de l'huile d'olive rapportée du Luberon.
Et quitte à revenir à Paris, autant privilégier ce que la ville nous
offre de plus beau. Le jardin des Tuileries n'en est-il pas un
bel exemple ? Là, on y perçoit le chuchotis des pas nonchalants
soulevant le sable des allées, accompagné de la petite musique lancinante
du vieux manège près de la statue de Charles Perrault.
{Les Tuileries : 18h}