La petite maison dans la prairie
Chaque année, depuis un certain temps et dès que le printemps s'installe,
me reprend cette envie incoercible de maison de campagne.
Sentiment hautement renforcé par les sublimes photos de jardins, de jolis murs
de pierre où folâtrent glycine exubérante ou délicates Pierre de Ronsard,
de tables burinées où l'on a juste posé un bouquet de fleurs des fossés,
de bols Digoin alignés sur la pierre à évier, bref, tout ce qui me transporte
à longueur de connexion sur IG ou sur les blogs.
{chez Mamie Gâteaux, c'est un peu comme dans une maisons de campagne, tout est joli, tout est bon,
l'accueil est vraiment sympathique, et les prix très corrects compte tenu du quartier}
Et pour enfoncer le clou, le fait de déjeuner avec deux amies
chez Mamie Gâteaux, au décor si inspirant, avec ses mille petits détails
campagnards si charmants, n'a fait que ré-amorcer ma fringale bucolique.
{encore quelques détails de Mamie Gâteaux, dont une belle collaboration avec le fleuriste
Pas de deux de la rue Ferrandi ; cour intérieure pavée de la rue du Cherche-midi}
A moi les longues soirées passées à fouiner sur tous les sites
immobiliers proposant des biens à moins de 2 heures de Paris !
{les arrière-cours parisiennes : la campagne ou presque !}
Je veux une maison, oui mais voilà.
Pas grande, pas chère, sans travaux, à 150 km maximum de la rue Didot,
dotée d'un jardinet, avec une cheminée, des murs en pierre apparente,
un sol en tomettes anciennes, du parquet craquant dans les chambres (2),
des poutres ce serait bien aussi, pas isolée (je ne veux pas dormir
avec une carabine à côté de mon lit), sans trop de promiscuité
(le voisin qui reluque par-dessus sa haie, non merci)
dans un petit village avec quelques commerces, surtout une
boulangerie pour mes croissants du matin.
{La Ferté-Bernard : jolie ville du Perche sarthois}
Ah, j'oubliais : à plus de 100km d'une centrale nucléaire
et un minimum de chasseurs à la Toussaint...
J'ai donc jeté mon dévolu sur le Perche, paisible province
charnière devenue au fil des ans un peu l'annexe de nombreux
Parisiens épris de vraie nature, et accessible d'un simple
aller-retour dans la journée depuis Paname.
{Saint-U* : un peu de la petite maison}
Une première maison visitée, sise à St-U*, assez proche de l'idéal :
pas trop grande, en très bon état, avec un jardinet à la mesure
de mes talents agricoles, de beaux murs de pierre, de mignons
volets de bois, un chien assis...
Une autre tout à côté, plus vaste, pour un prix dérisoire,
mais tout à refaire...
Une balade dans le village s'impose. Il me fait penser à mes chats
endormis. Rien ne bouge, pas une moustache ni un frémissement d'oreille.
Aucun être humain en vue, on entend le bruit de nos pas résonner
dans les ruelles désertes. Une auberge, chouette. Ah,fermée.
Avec au menu une liste impressionnante de plats carnés. Pouark.
Une pétarade soudain et deux jeunes à mobylette, sans casques, tels
les Marlon Brando du Perche sarthois, traversent en trombe
la Grande Rue. Le clocher de l'église (remarquable édifice Renaissance)
vient d'égrener 4 coups. Calme. On pourrait tenir le silence
à pleines mains tant il est palpable.
N'est-ce pas ce que je suis venue chercher ?
{La Ferté Bernard : les jardins de l'Office de tourisme au bord de l'Huisne}
Je me projette dans la première maison.
C'est dimanche, il fait moche, collée contre le poêle à bois je lis,
je mange les cookies faits le matin et merveilleusement instagrammés
sur le bois patiné de ma table de ferme, j'ai oublié le pain et
pour une pauvre baguette il faut pousser jusqu'à La Ferté Bernard
(encore faut-il qu'il y ait une seule boulangerie ouverte !)
de plus, j'ai envie d'une Piña Colada dans une brasserie un peu
braillarde, ou d'un plat de spaghetti au pesto dans n'importe
quelle pizzeria qui passerait lasciatemi cantare.
Sur le chemin du retour, je me demande si je suis vraiment faite
pour la campagne, même de façon occasionnelle.