Promenades
Ce qu'il y a de bien avec Giverny, c'est que d'une fois sur l'autre, on oublie.
On oublie qu'on a déjà photographié mille et une fois le lac,
la salle à manger citron, la cuisine bleuet, le jardin, l'hôtel Baudy,
la rue principale (baptisée Claude Monet qui l'eût cru ?)
et les carrés fleuris monochromes du musée des Impressionismes.
Mais comme c'est une découverte pour ma petite-fille de 12 ans, je m'applique
à tout regarder comme si pour moi aussi c'était une première fois.
Du monde, oui, il y en a, bien sûr, de tels sites drainant nécessairement
les foules internationales, des armées de possédés du selfie, de maniaques
du reflex, de frénétiques de la banane et du sac à dos, à l'instar
du Mont Saint Michel, de Venise, de la Tour Eiffel et
de la Baie d'Along (liste non exhaustive...)
On peut choisir de se priver de ces hauts-lieux, regretter la pollution
générée par le tourisme de masse, ou d'en accepter les conditions.
Sélectionner son jour, son heure, et trouver finalement un créneau vivable.
Au village de Giverny, je me crois un tout petit peu chez moi à force
d'y revenir. Tout m'est familier. Je note au passage le changement
de couleur d'un portail, la rénovation d'un toit, l'installation
récente d'un petit commerce, l'éclosion d'un rosier...
{les jolies succulentes du jardin de la Capucine}
Un concours est organisé au Café la Capucine, pour renommer leurs poules,
des petites impertinentes coiffées comme ma grand-mère dans les années 70,
cherchant à picorer entre les jambes des consommateurs, sait-on jamais,
une miette de speculoos ou une tomate échappée du sandwich.
Léonie a proposé Monique, j'ai suggéré Plume.
{le lac sans nymphéas; les parterres monochromes du jardin du
Musée des Impressionnismes; Monique (ou Plume ?) la poule}
Direction Nantes. Visites à la famille, problèmes à régler,
et douce parenthèse chez Sandrine, dont les ravissantes créations
donnent à nos intérieurs des airs de maison de bord de mer.
{Lino, le chat de la maison aux yeux aigue-marine, s'intègre élégamment au décor}
Tiens, en parlant de bord de mer, dommage d'être dans la région
et de n'en pas profiter. La Fontaine aux Bretons, près de Pornic,
s'est mise en mode plage romantique sous le vent. Pins échevelés,
sable frais, ressac mousseux, chiens tout fous sur le chemin des douaniers,
puis petit réconfort dans l'auberge du même nom, inexpliquablement
déserte alors que les vacances parisiennes battent leur plein.
Enfin retour sur Paris. Et retour du temps médiocre aussi. Se réfugier
dans ce bel endroit qui mêle esprit new-yorkais, recettes anglaises
et déco parisienne. Idéalement situé face au Luxembourg, dans les locaux
de l'ancienne boutique Le Jardin d'Olaria, il propose à prix d'or
de savoureux thés matcha et d'honnêtes crumbles.
{Treize au jardin, restaurant salon de thé au décor chaleureux jusque dans les toilettes,
où il est préférable de parler anglais pour commander des consommations et des plats
carrément hors de prix; terrasses parisiennes désertées pour cause d'absence de soleil !}
Se dire ensuite qu'on est finalement bien chez soi, que les gâteaux maison
c'est ce qu'il y a de meilleur, qu'on peut les savourer pelotonnée
dans un fauteuil ou allongée directement sur le tapis puisque Calice
squatte en toute impudence, et alternativement, lit et canapé.
A Paris je traque et finis par connaître par coeur tous les petits coins
de verdure possibles. Le Parc de Bercy, proche de mon travail
à une époque, me ravit à chaque fois de ses trouvailles horticoles,
ses mises en scène un peu folles, mais surtout par sa Maison du Jardinage,
que je ferais bien mienne!
Autre découverte, à l'orée du Bois de Boulogne, Good Planet, la Fondation
de Yann Arthus-Bertrand : pour le sentier qui serpente joliment en nous
racontant la vie des animaux de la forêt, pour le potager bio,
la ruche vitrée sur les abeilles au travail, pour Human, formidable
film-témoignage sur ce que nous sommes, nous les humains du siècle,
pour réfléchir, si besoin en était encore, sur notre devenir.
{la cabane dans les bois de Good Planet abrite quelques rayonnages de livres déposés,
échangés, prêtés; la Grande Cascade, une bulle de fraîcheur romantique dans le Bois de Boulogne}
Mes promenades s'achèvent un dimanche de pluie chez
Les Grands Voisins, un des plus célèbres friches urbaines
qui fleurissent dans la capitale, sise sur l'ancien hôpital
Saint Vincent de Paul. En dehors de sa vocation d'aide sociale,
elle accueille d'étonnantes boutiques-ateliers à la créativité
un peu bohème. Mes préférées : Curiosity Lab et Afrika Tiss,
et bien sûr, toujours la formidable Mama Petula et son univers végétal.
{Mama Petula et Curiosity Lab}
Canalblog ayant connu quelques problèmes techniques hier,
ce billet ne voit le jour que ce matin ! Petite lecture sans prétention
pour une belle journée pluvieuse...
* Les mots en rose sont des liens cliquables