Je connais deux tortues, là-bas, dans l'ouest, qui après avoir passé un
court hiver sous la paille, s'éveillent avec douceur. Le jardin qui
s'était frileusement replié sur sa pelouse humide, s'ébroue sous
des promesses de fleurs. Il est encore un peu tôt pour que nous puissions
en faire autant, car dans la moitié nord de la France, l'heure des manches
que l'on retrousse et des gorges à l'air n'est pas encore venue.
{bouquet d'anémones et genêt blanc au marché des Enfants Rouges;
choux à la crème les Dunes Blanches}
Celle des câlins qui réchauffent corps et coeur, sans aucune doute.
C'est bien à cela que l'on aspire après avoir subi les élans destructeurs
de Ciara, Ines et Dennis déchaînés.
Les goûters abondent, tous les prétextes sont bons, la visite d'une amie
de longue date, la découverte d'une pâtisserie qui ne propose que des choux,
quelques citrons dans le compotier, trois bananes trop tigrées et hop,
un gâteau vite fait... Câlins sucrés fortement déconseillés
par la raison, mais promis, on arrête tout au-dessus de 15° !
{les chaussons-lapins de Léonie viennent de chez Oysho; gâteau au citron et Limoncello;
animaux Muji; lectures...actuellement : "Sur les chemins noirs" de Sylvain Tesson,
et "Lettres persanes" de Montesquieu}
Que dire des câlins prodigués par la laine de ces pulls sans âge,
de ces chaussons-lapins, de cette couverture un peu marron glacé,
un peu truffe, dans lesquels on se pelotonne dès que le soir descend,
des piles de livres, prêtés, trouvés, offerts, achetés en ressourcerie,
gages d'émotions, de découvertes, de réflexions et de rires?
{cake bananes/rhum/raisins; mimosa du jardin; Calice, chatte martyrisée}
Quant aux câlins des fourrures félines... Qui ne connaît pas l'extase de plonger
son visage dans les flancs d'un chat heureux n'a rien vécu ! Câlins parfumés
dans les bras dorés des derniers mimosas, des jupons froissés du camélia, des
fragiles petites corolles du cognassier du Japon qui a bien voulu offrir
quelques branches pour orner l'appartement parisien.
Elle a eu pendant presque 17 ans tous les câlins du monde, mais la maladie a été
la plus forte. Elle était douce, gentille, craintive, fidèle, et nous
n'entendrons plus dans la maison familiale son délicieux petit miaulement
aussi limpide qu'un léger tintement sur un verre de cristal.
{Mina, chatte trouvée, chatte aimée}
Repose en paix jolie Mina au regard effarouché de petit-duc nocturne,
à l'opulente robe soyeuse, à l'ondoyante queue d'écureuil, partie le jour
où l'on est sensés célébrer l'amour. Le nôtre t'accompagne, et salue bien
mon Triskell lorsque tu le verras.
{fragiles branches de cognassiers du Japon, un peu mécontentes de s'être expatriées à Paris !}