Breizh forever/la fin du voyage
Quittant Locronan et ses terres de légende, nous voici découvrant la fameuse
presqu'île en forme de croix, judicieusement nommée Crozon. Une petite pluie
fine vient rafraîchir nos idées, mais nous ne la sentons pas, car comme l'affirme
le célèbre adage un peu osé, remis au goût du jour par l'inégalable et
gracieux Olivier de Kersauzon, "en Bretagne, il ne pleut que sur les c..."
{la plage de Morgat, vue de notre coin pique-nique: même en plein mois d'août,
la distanciation n'y pose aucun problème}
En chemin, il y aura eu un arrêt dans l'ancienne abbaye de Landévennec,
abritant pour l'été une circonstancielle exposition sur les crêpes
et galettes. Où l'on apprend, mais on s'en doutait, que ce mets si simple
et si basique n'est pas l'apanage des Bretons, et qu'il est consommmé sous
des formes variées dans le monde entier, de l'Afrique au Québec, du Mexique
à la Russie... Sans parler de ses variantes régionales.
Sur la place du village de Crozon, il y marché, de ces petits marchés de
producteurs dont on rêve à Paris. Nous faisons provision de pain, fromage,
tomates et fraises pour le pique-nique. L'incontournable camion à crêpes
tente de nous attirer dans ses rêts parfumés, mais la surdose
dans ce domaine est déjà bien atteinte !
{Morgat : la station balnéaire parfaite; petite crêperie traditionnelle à Crozon}
A Morgat, non loin de là, j'ai retrouvé sur la plage la sensation enivrante
d'un sable doux comme la soie sous mes pieds, un sable presque blanc,
légèrement rosé, polynésien oserais-je affimer, un sable à inventer les plus
beaux châteaux, un sable qui coule entre les doigts en y laissant des
étincelles de diamant, et où s'imprime la délicate empreinte des oiseaux de mer.
Départ pour le Cap de la Chèvre. Parking bondé mais pratiquement personne
sur la lande et dans les chemins creux. Où sont-ils ?
En tous cas le bout du monde est pour nous. La nature dans le domaine des
mélanges de couleurs a de ces audaces ! Personne n'oserait mêler
le parme et l'or, le violet améthyste et le safran. Elle, si.
{le Cap de la Chèvre : par beau temps, on peut apercevoir le cap Sizun et l'on devine l'île de Sein}
{Montourgard : un village plus que parfait!}
Mollets zébrés par les ajoncs, nous reprenons la route pour Camaret,
quand tout à coup, sur la droite : "arrête-toi ! Arrête-toi ! " On s'arrête.
Deux fois à quelques centaines de mètres d'écart, pour contempler deux bijoux
de villages : Montourgard et Rostudel. Aucun commerce, juste des fleurs,
du granit, du chaume et de l'ardoise, des chats qui somnolent en rêvant
de rats des champs, du linge blanc qui claque au vent sur son fil, un doux
brouhaha venant des cuisines puisque l'heure du déjeuner approche.
On doit bien vivre ici.
A Camaret, trop de monde pour apprécier la promenade, c'est la lutte en terrasse
pour une tasse de café, la jetée qui mène à Notre Dame de Rocamadour a quelques airs
de Champs Elysées un soir de Mondial, et à l'intérieur de l'église, du monde, trop.
{photo de l'église prise à l'unique seconde pendant laquelle, ô miracle, personne n'y circulait}
Je mesure la chance d'avoir toujours eu le choix de mes périodes
de vacances, boycottant août, tout du moins la première quinzaine,
pour rester dans mon Paris-bien-aimé (grosse hésitation avant
d'oser encore affirmer cela !)vidé de ses autochtones.
J'ai tenté l'expérience cette année, de façon irréfléchie, compte-tenu
du contexte. A ne pas renouveler. De plus, dénicher quelques
no man's land où l'on peut encore évoluer sans ce carré de tissu
sur le visage qui nous fait ressembler à des bandits de western
préparant un hold up relève du défi.
{cimetière marin devant Notre Dame de Rocamadour}
Nous quitterons le Finistère sans avoir grimpé sur le Ménez Hom, ni
vu la baie de Douarnenez, la pointe de Penmarc'h, le port du Guilvinnec,
la Pointe du Raz et les îles, Ouessant, Sein ou Molène, et plutôt que d'en
ressentir de la frustration, nous nous sommes simplement promis d'y revenir.
Remontons vers ce département découvert et tant aimé lors de l'été 2017
(un petit CLIC sur le billet, pour mémoire) : les Côtes d'Armor.
Argoat, armor, je peaufine mon breton au fil de l'escapade...
La récompense de la relative longue route séparant points de départ (Camaret)
et d'arrivée (Lannion), fut de passer la soirée avec Laurence.
Qui ne connait pas Madame L du Côté Ouest ?
Ses clichés enchanteurs, ses créations pleines de poésie, ses ouvrages ciselés,
et son art de manier tous les bleus de la création pour conférer à son blog
la magie d'une promenade bretonne au crépuscule.
Elle vit dans une maison de bois et de verre nichée au creux d'un jardin
extraordinaire qu'aurait pu chanter Trenet, mais dont j'ai pris peu de photos,
toute au plaisir des retrouvailles. Une vie naturelle, saine, harmonieuse,
le Graal tant recherché aujourd'hui.
{le jour déclinait, un peu couvert, et les photos ne rendent pas justice à la beauté du jardin !}
{Toulouse le chat, ou la vraie vie)
J'ai ainsi fait la connaissance de Firmin, (coq) de Joséphine, (poule)
de Toulouse, (chat) me suis régalée de belles salades et de panna cota,
et suis repartie avec tomates, concombre et poivrons du jardin, lesquels
seront dégustés à Paris puisque le retour s'annonce déjà.
Dernière étape : Dinard.
On quitte les Côtes d'Armor pour le dernier département breton, l'Ille et Vilaine.
L'hôtel réservé, le Printania, est un amour d'établissement comme autrefois,
très chargé en boiseries sombres, constellé de petits objets kitsch comme
on en trouvait chez nos grand-mères, avec sa véranda proustienne surplombant
la baie, ses murs couverts d'assiettes fleuries, ses rideaux de chintz,
ses faïences bretonnantes, sa tuyauterie chantante, de vraies clés de chambre,
finalement plus fiables que certaines cartes magnétiques !
Ce n'est pas la même mer, mais Monsieur Hulot n'est pas loin.
{la véranda où sont servis les petits déjeuners}
{une pension qui sent bon l'encaustique...}
{la promenade du Clair de Lune}
Dinard, comme tous les endroits très prisés, se déguste tôt le matin,
dans la petite fraîcheur légèrement humide qui rend hésitants les vacanciers,
mais qui me porte à embrasser le monde, enfin, juste la Promenade du
Clair de Lune, pour son incroyable végétation et la splendeur de ses villas.
{sublimes couronnes végétales au marché de Saint Enogat; un autre parfum eut été
sans doute préférable, j'aurais du demander un test ! }
J'aurais tant aimé dire du bien de cette glace "dégustée" chez
Vent de Vanille.
Admirative d'Olivier Roellinger et de son talent pour sublimer les mets
les plus simples par les épices, je regrette que la grâce ne l'ait pas touché
dans l'élaboration de ce parfum étrange qui fut mon choix : caramel fleur
de sel/réglisse/menthe. Elle a hélas fini dans la poubelle la plus proche,
tant j'étais incapable de lui trouver un intérêt quelconque.
Petite nostalgie pour le glacier de Rochefort en Terre et le double
cornet d'anthologie "sablé breton/sarrasin"...
On aime bien, lorsqu'on rentre de voyage, restituer chez soi l'atmosphère
des jolis moments passés. Voici donc, façon "Marie-Claire Idées",
dans sa rubrique "Que rapporter de..." quelques petits souvenirs,
gourmands ou non.
{des galettes de Pont-Aven; des épices de Paimpol; du thé Triskell, en souvenir de lui;
un tartineur à silhouette de Bigouden : regardez les petits détails
de la "coiffe" sur la lame ! de la confiture de mirabelles venant
de l'Hostellerie de la mer à Crozon; des torchons, ma "passion" !}
La Bretagne est multiple et magique et je suis loin d'en avoir
fait le tour, donc, mes amies bretonnes, pardonnez-moi d'avoir
oublié quelques "évidences" propres à votre belle région.
Mais la France en général n'est-elle pas, elle aussi, multiple et magique ?
Et il semble que, sans doute par la force des choses, elle ait vécu
cet été avec ses natifs la promesse d'une nouvelle histoire d'amour.
J'espère que vous avez pris autant de plaisir à suivre mes pas
que j'en ai eu à rédiger ce journal de bord, et profite de ce troisième
et ultime volet pour évoquer une artiste, Marguerite Chabay,
injustement méconnue, qui eut les honneurs du Musée Départemental breton
de Quimper il y a quelques années, et dont les délicieux dessins,
j'en suis sûre, vous régaleront par leur charmante naïveté.
Pour finir, encore quelques adresses à Dinard :
- Hôtel Printania : un voyage dans le temps...
- Crêperie du Roy : galettes délicieuses, service impeccable,
déco mélange breton et contemporain
- Vent de vanille : j'ai déjà dit ce que j'en pensais plus haut,
mais leurs millefeuilles ne demandent qu'à être testés...
- L'Ombelle : carte magnifique, atypique, décor frais et intime