Voici que la saison décline
Chaque année, en octobre, c'est le retour des petits billets sur
l'automne, douce saison propice à la mélancolie, au repli volontaire,
aux veloutés de potiron et à la suave odeur de cannelle d'une
tarte aux pommes qui tiédit quelque part dans la maison...
Et chaque année on s'en délecte, gourmandes
et impatientes des moments de fêtes qui déjà se préparent.
De quelles fêtes pourrons-nous parler cette fois-ci ?
La sentence, attendue, sans surprise, est tombée. Reconfinement.
Mon propos n'est pas de polémiquer sur ce qui, depuis 6 mois,
a été décidé ou aurait du l'être. Tant de vies sacrifiées derrière
les bilans, graphiques, diagrammes et courbes qui envahissent
presse et écrans, derrière ces chiffres, implacables, presque dénués
de sens et banalisés par la puissance d'un quotidien presque ordinaire,
ne valent-elles pas un effort citoyen ?
{couleurs intenses au cimetière de Bagneux}
Oui, c'était bien difficile de porter le masque cet été
par les temps de canicule, oui, c'était difficile, lorsque
l'automne est arrivé, de cesser toute réunion en nombre, et
pas facile non plus, mais n'était-ce pas une question d'organisation,
d'être chez soi avant le couvre-feu, surtout dans les grandes villes.
Des contraintes, sans doute, des efforts, sûrement.
Alors soyons juste honnêtes et responsables, adultes et solidaires.
{la nature reste un peu sauvage au Jardin d'Acclimatation}
Et restons-le aujourd'hui encore plus qu'avant, lorsqu'on pensait naïvement
venir à bout de ce virus certes coriace, mais que l'on se faisait fort
de dompter, tout en prenant quelques libertés avec les consignes édictées.
La froidure venant, on ne nous verra sans doute plus sur les balcons
applaudir les forçats de la santé, on se contentera, si j'ose dire,
de respecter leur travail, leur vie, en restant chez soi. Point.
{après-midi gourmand au Jardin d'Acclimatation}
Ce billet ayant été préparé bien antérieurement, je ne renonce pas à le publier,
empreint de la légèreté habituelle propre à ma "ligne rédactionnelle".
L'automne, donc, et pour quelques jours heureux à la maison, une petite fille
de contes de fées, bouclettes sauvages plein les yeux, avec qui je partagerai
les manèges du Jardin d'Acclimatation, un cornet de churros laqués de sucre,
les aventures de la famille Sylvanian, les programmes de Gulli, le plaisir
de revoir la Belle et le Clochard, les découpages de feuilles mortes,
{A quoi on les fait ces gâteaux ? Au chocolat ! Ah bon...}
les chocolats chauds du salon de thé Lindt, la liste des horreurs en plastique
fluo à commander au Père Noël (qui n'existe plus depuis plus d'un an,
mais on ne peut faire son deuil comme ça aussi brutalement !)
les shoppings de jolis vêtements au nouveau Monoprix Montparnasse,
les histoires au lit et les ateliers pâtisserie...
Un mini Tsunami de 1m20, c'est rafraîchissant et l'on met de côté
pour un temps ses embarras d'adulte.
{sagesse provisoire}
Tandis que la rousseur s'installait au pied des arbres effeuillés,
une touche de rose quasi printanière apportait un peu de fraîcheur
à la maison. S'il est vrai que la beauté sauvera le monde, les fleurs
en prendront leur part : un bouquet miniature autour d'un dahlia pompon,
ou une couronne de ficus et de baies de poivrier,
{couronne Mint & Lillies}
{joli bouquet avec dahlia gentiment offert par Marie*;
roses et fouillis d'herbes du jardin maternel}
ou encore ces petits bouquets un peu défraîchis, recomposés, étoffés
de quelques feuilles grapillées ailleurs, et c'est la maison qui sourit.
Tout autre chose, ou sans transition selon le langage médiatique, il y a eu
aussi l'histoire du petit chat.
{la merveilleuse quiétude d'un chat heureux...}
Quand, un vendredi entre chien et loup dans les rues sans âme d'une
banlieue déprimante de banalité, on aperçoit, au beau milieu
de la chaussée, paniqué, terrorisé, slalomant entre les automobilistes
irascibles et pressés de rentrer chez eux, cette merveille féline rousse
et blanche, que fait-on ? On l'attrape, on sonne à quelques portes
- non, pas à moi, jamais vu - et dans l'urgence on l'embarque
pour le mettre à l'abri, au moins pour la soirée.
{Petit chat d'un week-end, juste le temps de t'aimer très fort avant de te quitter}
Le lendemain on téléphone au vétérinaire, qui confirme son puçage
et prévient le propriétaire, nous demandant de bien vouloir garder le chaton
en attendant son appel puisqu'il est sur répondeur. Celui-ci ne se manifestera
que le lundi, me donnant pour mission de restituer l'animal au cabinet
vétérinaire où il passera le prendre dans la journée. Pas de panique durant
presque trois jours de n'avoir pas retrouvé son chat, pas d'affichettes
dans le quartier. Pas de remerciements non plus. J'ai eu le grand tort
de m'attacher en quelques heures à ce petit chat couleur Halloween
dont je conserve encore le souvenir dans mes mains d'un petit cœur
battant la chamade au moment où je l'ai sauvé d'une mort certaine.
Certains maîtres ne méritent vraiment pas leurs animaux.
{scènes d'automne à Nogent le Rotrou, lors d'une escapade lorsqu'elles étaient encore possibles}
Voici que la saison décline,
L’ombre grandit, l’azur décroît,
Le vent fraîchit sur la colline,
L’oiseau frissonne, l’herbe a froid.
Victor Hugo, extrait de Dernière gerbe