Résolutions
Voici mon premier billet de l'année nouvelle. Un peu tardif, j'en conviens.
Noël et Saint-Sylvestre ont replié leurs ailes étincelantes pour un long
sommeil de quatre saisons, les Rois Mages sont passés, repassés, repartis.
De leur visite ne subsiste qu'une couronne de carton dorée, l'aspirateur
ayant depuis longtemps gloutonnement avalé les dernières étoiles de
feuilletage sur le tapis du salon.
{pannetone bien dodu et carrot cake artisanal, mais néanmoins délicieux, parce qu'il faut bien
résiter au frimas ! cadeaux emballés, cadeaux déballés, qui vous emballent et vous émeuvent :
Merci Martine, merci Monique...}
Colette comparait les douze mois de l'année à une route ondulée,
"un ruban déroulé qui, depuis janvier, montait vers le printemps, montait,
montait vers l'été pour s'y épanouir en calme plaine, en pré brûlant coupé
d'ombres bleues, taché de géraniums éblouissants, puis descendait vers
un automne odorant, brumeux, fleurant le marécage, le fruit mûr
et le gibier, puis s'enfonçait vers un univers sec, sonore, miroitant
d'étangs gelés, de neige rose sous le soleil..."
{afin d'être en accord avec mes convictions, j'ai tenté la galette vegan, sans oeufs ni beurre...
Comment dire ? J'aurais aimé l'aimer, mais ce ne fut pas le cas, dommage pour cet établissement
qualifié de cruelty free, qui propose par ailleurs de merveilleux pains au levain;
fleuriste l'Arbre, minuscule antre où l'on adore se réfugier l'hiver, et où règne
une débauche végétale à se damner}
et se déroulant au fil de nos jours. Seul le génie d'une auteure comme
Madame Colette peut nous y faire adhérer sans ambages.
{... Merci Sylvie et Barby...}
Mais revenons à l'actualité : janvier, mois du blanc. Pour chasser
les idées noires ? Les résolutions, bonnes ou mauvaises, sont prises. Avant,
je les consignais dans un petit carnet, pour l'amusement de le rouvrir
- si toutefois je pouvais remettre la main dessus - et constater ce qui
avait été fait. Ou pas.
En 2022, j'en aurais au moins accompli une, procrastinée depuis longtemps
par faiblesse ou négligence, celle de supprimer une grande partie de mes
abonnements au réseau Instagram.
{une belle table pour le réveillon, c'est déjà une promesse de saveurs...
la noix n'est là que pour faire joli, le menu fut moins frugal !
Bruyères aux longs calices rose poudré : c'est bon de retrouver les teintes pastel
après les débauches de rouges et d'ors ! }
Parce que voilà. Je n'en peux plus des autosatisfactions proférées à l'infini
sur les "feeds", des confidences étalées au grand jour, de ce qui devrait
relever de l'intimité familiale ou amoureuse, et qui se dénude sans la moindre
pudeur, de ces familles Ricoré aux enfants si brillants qu'il faudrait carrément
les admirer avec des lunettes de soleil, de ces maisons laquées et monochromes,
de ces faux bons tuyaux sponsorisés par une marque quelconque, de ces ongles
vernis saupoudrés du sable beige d'une plage de Bali, de ces légendes
inconsistantes, ces commentaires insipides à l'orthographe surréaliste,
ces volées de coeurs, de faces de lunes jaunes hilares ou épouvantées,
bref, je pourrais en ajouter à l'envi... On se sent vite minable, terne,
médiocre, voire raté. On se demande ce qui cloche. En fait, rien.
{... Merci Sandrine...}
Marie a publié, le premier jour de cette année, un billet magnifique
que je me récite comme un mantra, accrochée à ses mots si justes, si sincères,
si adultes, car finalement, une fois ma colère passée, je me dis que ces
pseudo échanges par le truchement de petits carrés qui, malgré ce que laisse
supposer le réseau qui les porte, n'ont rien d'instantané mais au contraire
sont le fruit d'une mise en scène très travaillée*, relèvent d'un défi un peu
puéril de femmes faites qui jouent aux petites filles gâtées.
{... Et merci Marie-Noëlle !}
Je resterai néanmoins fidèle à quelques comptes qui m'émeuvent, me distraient,
me revigorent, car on a tellement besoin d'inutile et, pourquoi pas, de frivole,
- particulièrement en ce moment, du moment que c'est joli et que ça fait plaisir.
Au début, je voulais publier un billet sans photos, en noir et blanc,
comme mon humeur, et puis je me suis dit que c'était quand même dommage
de ne pas vous offrir des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches,
complétées par quelques gourmandises panseuses de bien des maux.
Ah, j'oubliais. Sur le fil, soit le dernier jour, je suis allée à Vaux le Vicomte
admirer le talent des scénaristes qui officient chaque année pour conférer aux
pièces d'apparat du château un peu de magie de Noël. On connait l'amitié
qui liait Nicolas Fouquet, propriétaire du domaine (bien mal lui en a pris...)
à Jean de la Fontaine, et pour célébrer les 400 ans de la naissance
de ce dernier, le thème développé fut bien sûr celui des fables.
Merveilles que ces fables !
{les photos ne sont hélas pas bonnes du tout, le manque de lumière et la simplicité de mon téléphone
ne me permettant pas de vous offrir ce qui fut si beau à l'oeil}
Inspiré ou non par Esope, M. de la Fontaine est un génie, et son étude
de la nature humaine, à peine dissimulée sous le pelage et le plumage
de ses héros, est d'une clairvoyance et d'une précision remarquables.
A celles ânonnées à un âge beaucoup trop précoce, s'ajoutent des perles
comme "Le cerf se voyant dans l'eau" ou "le cygne et l'oison". Se souvenir
qu'on a deux ou trois fabliers dans sa bibliothèque et vite les rechercher.
Si janvier a l'outrecuidance d'aligner 31 jours, février aura la modestie
de n'en compter que 28, afin que hop ! on passe vite à Mars et ses
promesses de printemps. En attendant, je ne saurais jamais assez vous remercier
pour votre fidélité, vos jolis mots, nos échanges qui vont parfois au-delà.
La Ligne 13 fêtera le mois prochain ses 10 ans. 10 ans de petites histoires,
de paysages, de découvertes, de lectures, d'émotions, d'impatiences, de pluies
et de soleils. Ce blog ne se prend pas au sérieux, il n'aborde pas, ou si
rarement, de sujets brûlants ni ne traite d'une quelconque actualité génératrice
de conflits, je le veux léger, je m'attache à ce que sa lecture
soit facile, le temps d'une pause, d'un thé ou d'un café volé aux emplois
du temps parfois trop serrés,qu'on ait ou pas une activité professionnelle.
Comme une simple boucle dans le ruban des jours.
{ma passion pour les jolies cartes n'a pu être assouvie que grâce à vous; je ne vous apprendrai
rien si je vous dis que la plupart des gens communiquent essentiellement par mail ou sms,
toutes générations confondues; c'est vous dire si je suis ravie de constater de partager
cela aussi avec vous !}
Quelques adresses que j'aime bien :
Land and Monkeys : boulangerie pâtisserie vegan. Allez-y pour leurs pains, leurs kougloffs,
leurs sandwiches et leurs tartes salées. Tentez la galette si vous êtes courageux,
mais nous, on n'a pas du tout adhéré !
L'Arbre : Toujours de superbes fleurs à tous les prix dans un quartier de rêve
Boya : Encore des fleurs, dans le même quartier, c'est plus épuré, plus japonisant, mais ravissant
Vaux le vicomte : Beau toute l'année (il faut juste attendre le printemps)!
* Je peux confesser sans rougir que les photos de mon blog sont souvent,
sauf celles de l'extérieur, plus ou moins scénarisées, mais qu'au moins
elles ont une raison d'être, celle d'égayer votre lecture !