Jours de lumière
J'ignore si la teneur de cet article trouvera un écho dans votre quotidien.
J'ai par acquis de conscience vérifié tous mes billets hivernaux avant
de proclamer ceci : ce fut le mois de janvier le plus déprimant que
j'aie jamais connu. A ce sentiment flottant j'ai cru trouver une
indiscutable raison : une absence totale de lumière.
{encore quelques petits chocolats * dégustés à l'économie après les débauches de décembre...
Je ne parle pas pour moi, car peu friande, j'en consomme avec plus que parcimonie.
Les fleurs blanches, mes préférées entre toutes, apportent une clarté bienfaisante}
Des études viennent de le prouver. Une insolation réduite au minimum, pour
ces trente et un premiers jours de l'année, ont réduit notre énergie à celle
d'une moufette en pleine hibernation. L'impression d'évoluer sous un voile
terne et oppressant, qui annulerait tout relief, toute couleur, toute envie
de se lever le matin le refrain Ricoré en tête, et qui vous submerge.
{" Rue de Paris, temps de pluie" par Gustave Caillebotte}
Lorsque ce n'est pas un petit crachin qui vient parfois rompre la monotonie...
Ah ! Si Paris sous la pluie pouvait avoir le charme et l'élégance d'un
tableau de Gustave Caillebotte !
{faites maison, couronne comprise, ou achetées chez certain Maître pâtissier *, les galettes accueillent
chaque année nos trois rois marcheurs ; quant à ces jolis couteaux, trouvés dans la rue, ils valaient bien une photo !}
Alors on s'invente des soleils... La galette de l'Epiphanie, la crêpe
de la Chandeleur, pour la chaleur du partage, de l'amitié, de la gourmandise.
Ces aimables traditions qui, peu importe leur origine ou leur signification,
que l'on connait depuis toujours, rassemblent et réconfortent. Même si l'on
n'a plus l'âge de se glisser sous la table pour octroyer à l'aveugle
les parts de chacun.
{sur les murs noirs, deux créations de M. Gris-Bleu : cherchez lesquelles ! La jolie lampe à huile vient de chez
Marie et les Agapanthes; et un tout petit échantillon des superbes cartes de voeux reçues nombreuses
cette année, c'est si réconfortant}
Les jours sans lumière sont des moments figés, des occasions perdues, des heures
somnolentes, où même les petites loupiottes rescapées des fêtes, disséminées
un peu partout dans la maison, ne nous procurent plus le moindre bien-être.
Car les subterfuges ne manquent pas : la tasse de thé parfumé, la part de cake
citron/pavot, Daho en sourdine qui susurre, le bouquin qui rassure...
A ce propos, vive la lecture, vive les écrivains, essayistes, qu'ils soient
sérieux ou légers, l'essentiel étant le bonheur qu'il nous procurent.
Et vive aussi les imprimeurs, les éditeurs, pour le plaisir de toucher, de
caresser le grain lisse ou râpeux du papier, pour le frou-frou chuchoté
des pages tournées, vive les libraires *, ces passeurs de rêve et de culture.
Echangerais mille boutiques de vêtements contre une seule librairie,
et pourtant, avouons-le, je ne déteste pas suivre la mode.
{ma pile en cours : éclectisme total}
J'ai terminé "La carte postale", enchantée, puis "Le sacre des pantoufles",
amusée et convaincue, pour poursuivre le dernier opus de la saga des Cazalet
"La fin d'une ère", charmée, tout en savourant, dictionnaire à portée de main,
"Pour rendre la vie plus légère", titre sibyllin que je ne parviens pas à
raccorder au contenu. Orbe, doxa, apologue, irénisme... J'ai engrangé
des mots nouveaux, même s'ils ne me serviront que très peu au quotidien.
{aimez-vous le train ? C'est je trouve le moyen de transport le plus agréable qui soit, lorsque toutes les conditions
sont réunies : hors grèves, sens de la marche, voisins silencieux et courtois, temps clément}
Je conclurai plutôt gaiment ce billet en évoquant une jolie visite, faite
en décembre dans ma ville natale, et consacrée aux voyages en train. Les quelques
photos prises étaient sans doute restées à quai... Je n'étais jamais retournée
au Musée des Arts *(anciennement, Musée des Beaux-Arts : serait-ce la porte
ouverte au laid ?) depuis sa rénovation. Une réussite à tous points de vue, celle
d'une alchimie parfaite entre l'architecture XIXe existante et l'apport d'éléments
nouveaux - verre, acier, béton. Sans aucun doute guetterai-je avec impatience
les prochaines expositions temporaires.
{des fresques grandioses, valorisant le travail et l'effort, surplombent l'escalier principal}
{je n'ai pas hélas retenu le nom de l'auteur de ce tableau, d'origine italienne}
Concevoir et rédiger un billet me demande de plus en plus de temps.
Que proposer qui ne soit déjà dit et redit ? J'avais ébauché celui-ci
en janvier, laborieusement, je vous le présente aujourd'hui. Lorsque
j'ai vu les jupons beurre frais de mes petites jonquilles éclore derrière
la fenêtre de cuisine, je me suis dit que février allait être plus clément,
et que les jours de lumière n'étaient plus très loin.
Pour finir, mes quelques repères :
* Yann Couvreur chocolatier
* Pâtisserie Laurent Duchesne
* Librairie La Procure
* Librairie Le Divan
* Librairie La petite lumière
* Musée des Arts de Nantes