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La Ligne 13

13 avril 2024

Fin d'hiver entre terre et mer

Ce printemps que l'on attendait si fort et de plus en plus intensément au fil des ans, semblait rester bloqué en deçà d'une ligne imaginaire qui aurait coupé la France en deux. Chaque matin depuis plusieurs semaines déjà, on ouvrait ses volets avec le secret espoir d'une lueur, d'une tiédeur, d'un petit quelque chose qui donnerait envie de se lever en chantant. Même faux, ce serait si jouissif. La nature boit, ça oui, elle verdoit, elle poudroit aussi de toute l'intensité de ses jonquilles, crocus et forsythia, à défaut d'allumer le ciel désespérément gris. Une plongée dans le granit sans fioritures de mon village breton de cœur se prêtait bien à cette austérité. 

 

 

 

{A Rochefort en hiver, on voit peu de fleurs, hormis les derniers camélias, mais débarrassé de ses caleçons,
bananes et selfies qui pullulent l'été, le village gagne en décence et en majesté}


Si vous êtes fidèles à ce blog perdurant depuis 13 ans contre vents et marées, sans doute ces clichés auront-ils un air de déjà vu. Rochefort en Terre fait partie de ces lieux dont je suis imprégnée depuis l'enfance, une enfance de plus en plus fantasmée au fur et à mesure que j'avance dans la vie. Les mots ont un sens mais il faut savoir détourner habilement leur cruauté parfois. "Avancer dans la vie", c'est vieillir, tout simplement. Qui n'a pas dans sa mémoire, un pays, une maison, un village ou un simple sentier dont le souvenir éveille ce mélange insolite de douleurs et d'allégresse ? 

 

 

{A Honfleur, pendant les périodes de vacances scolaires, tous les parkings sont pleins; il suffit d'un peu de
dissidence et d'imagination pour se retrouver avec bonheur dans des rues désertes}


De Bretagne en Normandie, il n'y a qu'un pas, un Mont parfois sujet de discorde, une couleur de robe de vache, un beurre salé ou non, un cidre âpre ou doux, mais une même beauté. Dieppe nous était apparu sous la pluie, Honfleur fera l'effort de le faire sous un très timide soleil, et c'est tant mieux, de la part de cette ville qui doit tant à Eugène Boudin, le maître des ciels humides et des nuages mouvants. Dans les jolies brocantes qui bordent les ruelles pavées, on trouve tout ce qui pourrait meubler ou décorer une maison de campagne. Soyons raisonnable :  trouver d'abord la maison, avant de craquer sur ces assiettes en barbotine ou ce dressoir XVIIIe...

 

 

 

{La ville regorge de brocantes ravissantes, et de galeries, ces dernières n'étant pas toujours du meilleur goût; l'esprit d'Eugène Boudin n'a vraisemblablement pas touché tout le monde}

 

 {Restaurant Au vieux Honfleur; baguenaude au fil des rues; le bassin à la nuit tombée}

 

Prendre la route, la D513, qui chemine d'Honfleur à Trouville, laisser passer les pressés, s'arrêter souvent, découvrir, voir la mer au loin, et plus loin encore les grues et les portiques du port du Havre, chercher un coin autorisé pour déjeuner d'une baguette et d'un camembert au pommeau, tomber sur la cidrerie où l'on va régulièrement, qui nous permet de pique-niquer tranquillement, sans desserrer notre étreinte des verres de cidre sous les gifles du vent.

 

 

 

 

 

{colombages, jolies vaches paisibles, sous les pommiers : vous avez dit carte postale ? }

 

Retour sur Paris, sous la pluie, est-il besoin de préciser. Mais il semble que ce soient les dernières salves avant la paix, car ce matin, en me levant...
Les petits vendeurs des rues tendent leurs bouquets de printemps enveloppés dans du journal, tout comme ils le faisaient avec leurs marrons chauds cet hiver.
Les horribles doudounes à boudins ont quasiment disparu du paysage pour laisser place à des vestes légères.
On s'installe en terrasse. On remet les lunettes noires. On tend son visage vers le ciel. On a trop attendu, mais cette fois, oui, c'est le printemps.

 

 

{le lilas, acteur éphémère mais si puissant dans le retour des beaux jours; petites tasses en porcelaine chinées chez Marie Vit à Honfleur}

 

Adresses :

* Cidrerie Manoir d'Apreval, très bons jus de pommes, cidres, pommeaux, calvas, gentil accueil
* Au vieux Honfleur, pour sa très jolie décoration, sa situation et ses Saint-Jacques divines
* Le Père Camembert, juste à côté de l'église Sainte Catherine, une ode à ce fromage mythique, décliné sous toutes ses formes,
*
Musée Erik Satie, irrévérencieux, surréaliste, les enfants adoreront !
*
Marie Vit, une adorable boutique jaune poussin pour des tas d'idées cadeaux, neuves et anciennes

24 mars 2024

Printemps et bord de mer

En introduction , un grand merci pour tous ces jolis mots, ces témoignages
touchants, ces empreintes (d'où le nom des albums que je constitue
actuellement à partir de ce blog ) que vous laissez délicatement et qui
me font infiniment plaisir, au risque parfois de me mettre un peu dans
l'embarras car je ne suis pas sûre de mériter autant d'éloges !
Sachez tout de même que je rougis de bien-être derrière mon écran...

 

 

 

{Ici, les galets ont la couleur des goëlands. A moins que cela ne soit le contraire}

 

Fin d'hiver dans la Grande Ville.
Lorsqu'on veut se débarrasser de ce qui gêne et nuit, le meilleur moyen est

encore la fuite. Alors ce samedi-là, tangente fut prise vers les plages
du nord, Paris l'hiver devenant une véritable exhortation à ce que
j'appellerais un désenchantement quasi suicidaire.

 

{Le port de plaisance de Dieppe}

 

Dieppe, nous voici. Bel hôtel paré de quelques étoiles dues sans doute à sa
situation dans la ville, une salle de petit déjeuner vue mer et un confort
douillet, voire moelleux. Fille de l'ouest atlantique des plages immenses
au sable soyeux, je me suis - un peu- tordu les chevilles sur cet
impressionnant tapis de galets ourlé de falaises, coupées net comme les
tranches d'un énorme gâteau. A leur vue, mon imagination macabrement
fertile, ou la lecture de romans policiers anglais peut-être,
me font toujours craindre de voir un corps tomber de leur hauteur !
Veules les Roses, découverte en été, lumineuse et fleurie, nous offre
hélas son visage ruisselant des mauvais jours, mais rien ne saurait
altérer le charme de cette petite cité balnéaire qui s'enorgueillit
d'abriter le plus petit fleuve de France !

 

 

{ Lin et l'autre et Le jardin d'Auguste sont deux très belles sources d'inspiration, sur notre route,
à Varangeville; et bientôt Pâques ! Une pâtisserie dieppoise façon Beatrix Potter très inspirée}

 

 

 

 

{L'horizon des bords de mer semble infini, tout ce que l'on n'a pas dans les villes, surtout dans La Grande,
que j'aime tant malgré tout, mais qui m'oppresse parfois comme un étau}

 

De retour chez soi, on prépare Pâques, car même agnostique, on reste pétrie
de traditions qui rassurent, parce qu'elles ramènent à l'enfance protégée,
au jardin mouillé où l'on traquait le moindre buisson dissimulateur de
trésors, aux grands-mères avec qui on choisissait immanquablement pour le
dessert du repas pascal, une pâtisserie bien indigeste en forme de nid
chocolaté, contenant œufs en sucre et poussins en fil chenille.

 

{le petit mouton ainsi que les sablés aux graines de lin viennent précisément du Jardin d'Auguste et les boîtes
en papier en forme d'œufs gigognes de chez Cathorétro}

 

 Très joyeuses fêtes de Pâques à tous !

13 mars 2024

Changer ses habitudes

Qu'il est difficile et compliqué de sortir de ses habitudes, ses réflexes,
ce confort acquis au fil du temps, si familier qu'on ne prête même plus
attention à ses gestes, de cette aisance qui nous permet, à terme,
de mener plusieurs activités en même temps, qu'elles soient mentales
ou physiques. L'hébergeur de ce blog ayant décidé, pour des raisons
qui m'échappent totalement, de revoir toute la gestion des contenus
et des apparences de nos billets, me voici bien marrie face à une
nouvelle plateforme dont j'ai senti l'hostilité dès la première connexion.

 

{Comme je suis heureuse d'avoir préservé mes archives en faisant éditer ces quelques années de partage
d'humeurs et d'images !}

 

Donc, me revoici, avec mes rues parisiennes, mes petites balades, mes
lectures, mes gâteaux, mes babioles et mes brimborions. Ceci est un billet
pilote, un billet zéro qui, s'il aboutit dans vos BAL en ayant la courtoisie
de vous alerter, comme avant, et s'il vous permet de vous exprimer ainsi que
vous l'avez toujours fait, sera suivi d'autres, parce que je n'étais pas
prête à signer l'épitaphe de la Ligne 13, même après 12 ans de vie commune.

 

On commence par un saut au pays natal, mi-Bretagne mi-Pays de Loire,
vu mille fois, 
mais en mars, à moins de filer à tire d'ailes (d'Airbus) sous
le soleil exactement 
en se fichant scandaleusement de ce que pourra devenir
la planète, du moment qu'on peut lézarder pendant que d'autres grelottent 
dans leurs chaussettes mouillées, les escapades riantes sont encore rares.
Le jardin maternel couvert de mousse s'ébroue difficilement des assauts de
pluies et de bourrasques. L'une d'elles, prénommée Louis, a même eu le
mauvais goût de déraciner d'une pichenette le mimosa qui venait de fêter
sa vingtième année.

 

 

{Le Passage Pommeraye de Nantes, un bijou d'architecture qualifié d'être l'un des cinq plus beaux
et le plus original des passages construits au XIXe siècle; Café Becot, une adresse nantaise à ne transmettre,
un peu égoïstement, qu'à ses meilleurs amis : un grand merci Sandrine ! Ici, 
il subsiste encore quelques beaux
immeubles, la ville ayant été copieusement bombardée au siècle dernier; jolie vue du square
derrière la cathédrale
 }

 

Il en est resté quelques branches constellées de ses jolies billes blondes
et duveteuses encore accrochées à la vie, dont nous avons fait de majestueux
bouquets. Le jardinier chargé de nettoyer les dégâts nous a assuré qu'il
laisserait en terre une racine et ses rejets pour une reprise possible. 

 

 

 

N'étant pas certaine que ce laborieux billet traverse les limbes informatiques jusqu'à sa publication, je vais y mettre un terme, en abordant rapidement les dernières lectures. Dans une librairie, je suis comme une gourmande impénitente devant la devanture d'une pâtisserie. Tout me plait, tout m'attire, et je cède faiblement aux petits cartons accrochés à la couverture, me promettant "un choc", "une révélation", "un ton unique", que sais-je encore... Mais je suis une piètre critique littéraire, et ai beaucoup de mal à expliquer pourquoi j'ai aimé ou rejeté tel ou tel ouvrage. Je resterai en conséquence très évasive sur mes derniers choix, vous incitant par là même à consulter les sites appropriés, si cette sélection vous parle. 

 

 

{"Le livre des jours" de Patti Smith, ou comment égrener l'année au fil de ses clichés, parfois drôles, parfois troubles,
dont certains on une résonnance en nous; "Sarah, Suzanne et l'écrivain", déconcertant, inclassable, passionnant,
mais avec un dénouement un peu bâclé; sablé imprimé, découverte gourmande chez Sweet mama }

 


Je me suis régalée avec "Un simple dîner" de Cécile Tlili, et "Sensibilités" de Tania de Montaigne, ennuyée profondément avec "Les amies" de Nolwenn Leblevennec, dévoré "Connemara" de Nicolas Matthieu. J'ai aussi beaucoup aimé le délicieux et original "Celles qui se perdent" de Sonia Ristic, parcouru sans enthousiasme "Sous l'écorce" de Agnès Ledig. Enfin, après avoir pourtant apprécié son "Liv Maria", le "Buvard" de Julia Kerninon m'a déçue.
Le printemps s'annonce si l'on en croit le calendrier. La pluie cessera un jour, mais oui. Je rêve tant de revenir vers vous avec un billet inondé de soleil ! 

 

PS : la mise en page et les césures de texte sont dans cette version très éloignées de ce que je souhaite. A retravailler, sans doute.


PS 2 : si vous avez la gentillesse de déposer un commentaire, merci d'indiquer
votre adresse mail (qui ne sera visible que pour moi) afin que je puisse
vous répondre personnellement !

24 février 2024

Demi teintes

Le matin, lorsque la lumière toque de plus en plus tôt aux volets, il arrive
qu'elle 
se glisse dans ses interstices en formant de jolies rayures sur le
parquet. Mais c'est rare. Au-dessus de la Loire, les hivers sont des moments
 flous pendant lesquels chacun puise dans ses intimes ressources l'énergie
et l'endurance qui les mèneront jusqu'au printemps. 

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{fleurs et petites douceurs... C'est la saison des thés, des gâteaux faits maison, des correspondances affectueuses}

Le gris a tellement envahi la Grande Ville, qu'elle semble figée dans le noir
et blanc d
es photos de nos grands-parents, suspendue dans le flou d'une époque
incertaine, et qu'on ne se souvient même plus du flamboiement des couleurs.
Heureusement qu'il y a les fleurs, obstinément toutes belles, celles d'hiver
ayant fini par défier leurs rivales printanières.

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{L'Arbre, jusqu'ici un de mes fleuristes favoris, a vraisemblablement changé de direction :
les fleurs y sont toujours aussi belles, mais l'art du bouquet laisse à désirer...}

Les couleurs, on peut aussi aller les visiter dans leurs écrins les plus précieux.
Une carte joliment baptisée "Amis du Louvre" me fut offerte au moment des vœux.
Oh la belle et bonne idée ! Aller au Louvre librement, toute l'année, juste
comme ça, un jour de pluie, ou en passant, et décider qu'on s'en tiendrait
au tiers de l'aile Richelieu, puis le mois d'après aux estampes de l'aile Sully,
un autre jour aux arts de l'Islam, ou simplement revoir la si discrète Mona Lisa
 sans avoir 
à franchir le barrage des portables hérissés au-dessus des têtes,
menaçants comme des hallebardes.

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{la galerie des sculptures à l'entrée de l'aile Richelieu; détails de quelques œuvres
au niveau 2, consacré aux peintures d'Europe du nord}

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{le panier de fraises des bois, par Jean Simeon Chardin}

Une souscription a été lancée pour que ce tableau de Chardin, l'un des grands
maîtres de la nature morte du XVIIIe, intitulé  "Le panier de fraises des bois" *
reste la propriété du musée. Chacun peut contribuer, de Bernard Arnaud à vous
ou moi, à sa préservation, afin qu'il soit donné à tout le monde de l'admirer,
ici, au Louvre, où est sa place, plutôt qu'au Texas.

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{détail émouvant d'un tableau, œuvre d'un peintre italien; toujours transmettre par courrier quelques grammes de beauté !}

Reprenons le métro, ligne 1, direction le Petit Palais *. J'ai souvent évoqué
(et loué !)ce monument rescapé de l'Exposition Universelle de 1900, devenu
musée des Beaux-Arts et proposant régulièrement des expositions temporaires
de très grande qualité. Actuellement, le "Paris de la modernité" axé sur les années
1900-1925, 
nous plonge dans une capitale effervescente, cosmopolite et foisonnante,
où se 
sont croisés artistes, inventeurs et créateurs du monde entier.

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{Picasso, Foujita, Jacques-Emile Blanche, Marie Laurencin, Tamara de Lempicka, Jean-Michel Authoniel, François Pompon}

L'exposition est articulée en 11 sections, associant mode, photographie, architecture,
cinéma, peinture, sculpture, littérature, musique, ainsi que la douloureuse période
de la Grande Guerre. Passionnant.

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{Ceci est valable également pour les jeunes filles...}

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Pendant que les soucoupes font leur joli coeur, le cake aux clémentines confites
tiédit, et les renoncules déploient leurs dernières strates veloutées.

On dit au revoir à février ?

* Tous mécènes :  Le panier de fraises  

* Petit Palais : Le Paris de la modernité 

27 janvier 2024

L'âme des objets inanimés

 
Les lendemains de fêtes, on se retrouve tout à coup avec de nouveaux venus
dans la maison. Ces "choses" vous ont été offertes, a priori par des personnes
qui vous sont chères, des personnes qui font battre votre cœur plus vite,
des personnes sans lesquelles la vie serait sans doute désenchantée.
Choses choisies, élues, emballées délicatement, déposées au pied d'un sapin,
arborant l'étiquette qui précise que c'est bien pour vous, ce livre,
ce parfum, ce coussin, ce thé parfumé ou ce nécessaire de correspondance.
 

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{il y a des emballages, comme celui-ci, qui sont des promesses de plaisir; le coussin fait main lui aussi est nouveau; 
et pour affronter les rigueurs de l'hiver, des madeleines du Ritz, ou des cookies, d'après une recette tirée de cet
amusant livre " Le petit Nicolas et Alain Ducasse font des gâteaux" qui ont été réalisés par des petites mains expertes}

Comme un chat qui découvre son nouvel univers, les choses prennent leur temps
pour s'acclimater. Les résidents permanents (eux-mêmes sans doute fruits de Noël
passés)les regardent d'un œil mauvais. Allons, allons, on va se serrer un peu 
pour que tout rentre. 

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{le contenu de l'emballage ci-dessus, est le très beau livre consacré aux créations de la marque "chez Antoinette Poisson";
luxe suprême, un ex-libris à mon prénom, réalisé dans leur atelier : c'est un très joli cadeau, qui me touche beaucoup}

Le pouvoir des objets dits "inanimés" est infini. Si leur valeur symbolique,
non quantifiable, est à l'appréciation de l'offrant et de l'élu, on sait leur
rôle implicite dans notre quotidien. Comme ce banal flacon de parfum,
l'Eau Capitale, hommage de la maison Diptyque * à la ville qui l'a vu naître,
raconte à sa façon des moments forts très personnels.

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{par précaution, j'ai fait imprimer mes billets de blog, de quoi encombrer davantage ! Un peu plus, un peu moins...
mon Eau Capitale, rose, bergamote et patchouli}

On peut penser : à quoi bon entasser, consommer, dépenser, épuiser la planète
d'objets à peine aimés que presqu'aussitôt rejetés ? C'est un dilemme que j'affronte
souvent, et qui m'embarrasse. Car s'entourer, c'est aussi avoir l'illusion de protéger
nos vies bancales. On ne s'endort plus avec nos ours depuis belle lurette, notre statut
d'adultes nous somme de maîtriser les peurs et de faire face en toutes circonstances,
alors si cette petite tasse, ce grigri, cette affiche souvenir d'une belle expo
ont le pouvoir, même infime, de nous y aider, quel mal peut-il y avoir ? 

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Une panne m'ayant privée de tout réseau Internet (téléphonique et télévisuel
par la même occasion) pendant quelques temps, j'ai réalisé à quel point tout
ce 
qui se balade sur la Toile peut être fragile et éphémère. J'ai donc trouvé,
après un premier essai raté, un site
qui me permet d'éditer les billets de
la Ligne 13 sous forme d'albums. 
Eh oui, du papier, et je suis ravie du résultat.
Je pense, mais on peut rêver 
n'est-ce pas, qu'un jour mes petites-filles le 
découvriront et s'amuseront 
de leurs lectures.
2023, 2022 et 2021 sont prêts. Je remonte le temps pour les autres, 
l'occasion
aussi de relire vos commentaires bienveillants et complices, 
de réaliser que 
si beaucoup de prénoms ont disparu, de nouveaux, moins nombreux, mais si
bienvenus, sont apparus, et que les fidèles sont toujours là.

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{j'ai le souvenir de janviers surchargés de dégustations de galettes jusqu'à un point d'écœurement absolu...
Deux seulement au compteur cette année, sinon le plaisir banalisé deviendrait corvée; le cabas en peluche sort ses griffes;
la grenade inoffensive qui accompagne la clochette est
lyophilisée depuis bien longtemps !  }

Je quitte Paris pour quelques temps. Besoin d'espace et d'horizon.
Promenade mains dans les poches. Ramassage de petit bois. Ecoute des bruits
du vent, des oiseaux et du ru en contrebas. Les objets inanimés se garderont tous seuls.
Ne plus les voir pendant quelques jours sublimera nos retrouvailles.

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 * Once upon : pour réaliser de très beaux albums photos

* Antoinette Poisson : pour rêver à l'esprit XVIIIe

* Diptyque : marque germanopratine de parfums singuliers

23 décembre 2023

Derniers jours avant inventaire

Nous approchons. Il y a ce je-ne-sais-quoi dans l'air qui annonce des
jours de fête et d'abandon. Dans les beaux quartiers parisiens, les
noms magiques s'envolent en ailes de papillon, en ballons  d'or, 
les
gourmettes quittent les fins poignets pour enlacer les façades de la
rue Cambon, toute à la gloire de Mademoiselle, quand, plus humblement 
dans ma rue, les feuilles des pommiers trilobés parent d'une rivière
 ambrée les mythiques grilles qui les enlacent.

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{mon ouvrage de cet hiver, pas très audacieux... Dior, Chanel, le Ritz, la rue des Martyrs,
la rue d'Alesia : des styles très différents}

Une écharpe "au kilomètre" aura le bon (ou le mauvais ?) goût d'être en accord
avec cette chromie, en m'incitant à rester chez moi penchée sur l'ouvrage,
fuyant les week-ends bondés et hautement sonores. Et ce ne sont pas les
madeleines du Ritz, dévorées avec la déférence qui sied à leur rang, 
qui me contrediront. 

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{promenade d'un pas alerte entre Saint-Germain vers le Marais, un matin de semaine : l'Institut suédois
dans tout son dépouillement; la boutique de Marin Montagut dans toute son exubérance; l'hôtel Caron de Beaumarchais
où l'on s'est souvent promis de réserver une nuit; et le Loir dans la théière, pour me rappeler la jeune femme que je fus}

N'étant pas à une contradiction près, chaque fin d'année, je succombe
à mon petit rituel "Marchés de Noël". Je ne sais pas trop comment
appeler cela autrement, car en réalité, je n'aime pas beaucoup ces
barraques à frites, à vin chaud ou à décorations nordiques made in China.
Non, ce que je savoure, c'est l'ambiance qui règne dans les villes du nord
ou celles de l'est, les chants qui envahissent les ruelles frileuses,
les lumières, les scintillements, les devantures gorgées de chocolats,
même si ça non plus, je n'en raffole pas, mais ceux à qui j'en offre, si !  

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 Ce devait être Copenhague. La papillote mauvaise surprise (voir mon billet
précédent) s'étant incrustée ainsi qu'une méchante fée, ce sera Bruxelles,
parce que c'est à 1h30 en Eurostar et que deux nuits suffisent.

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Bruxelles ma belle comme chantait Dick Annegarn n'a certes pas la séduction
absolue de Bruges ou de Gand, mais voir au moins une fois dans sa vie la
Grand Place illuminée est un must. Je crois que je ne me départirai jamais de
cette naïveté un peu candide qui me fait encore écarquiller les yeux devant
le tralala chatoyant qui accompagne les fêtes de fin d'année.

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Pendant ce temps, les mères Noël aux mains agiles  ne chôment pas. Leur renne
s'est arrêté 
à plusieurs reprises devant ma boîte aux lettres, déversant
de leur hotte 
jolis mots et doux cadeaux. Emballer les présents à mon tour
aura été un réel plaisir. Froisser les papiers de soie, déplier les rouleaux,
choisir les étiquettes et les liens, une mission une fois de plus très
enfantine que je ne suis pas seule à revendiquer. 

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{jolis cadeaux des quatre coins de France; jacinthe très à l'aise dans ce petit vase découvert
dans le grenier maternel, au délicat rose saumoné}

La famille n'est pas grande, mais les occasions de se réunir si rares
qu'on ne peut réfréner la frénésie qui s'empare de vous, pauvre créature
sans volonté, devant les vitrines regorgeant de fourbes tentations,
lesquelles seront, on le souhaite, accueillies avec sourires ou cris de joie.

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{on s'amuse, on bricole... tous ces rubans et frisouillis, que de  tentations pour un chat !}

Je ne pense pas me tromper en vous disant à l'an prochain...

En attendant, même si les mots sont vains, même si malgré leur sincérité,
nos vœux de paix et d'amour semblent tomber dans un puits sans fond,
il faut continuer à croire en des temps meilleurs. Je vous souhaite donc
une belle année 2024, épanouie et apaisée.
Mais un peu folle quand même.

 

 

4 décembre 2023

La vie en papillottes

Les papillotes, vous savez, ces petits chocolats peu prisés des amateurs
éclairés (ceux qui rafoooolent du chocolat à 80% diablement amer et...
immangeable pour moi)égayent les soirées de fin d'année depuis la nuit
des temps. On s'en écœure juste pour déplier le dicton ou la blague
cachés à l'intérieur, souvent aussi peu convaincants que ceux moulés
sur les gaufrettes amusantes d'Eugène Blond.

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 {on ne se lassera jamais de la symbolique du cœur, de sa forme parfaite, des émotions qu'il suscite...
une lecture captivante comme les écrivains anglais en ont le secret; et puis de jolies choses,
pour un anniversaire d'enfant 
qu'on ne manquerait pour rien au monde}

Comme les papillotes, les journées de novembre auront recélé des surprises
à profusion, certaines bien réjouissantes, d'autres si douloureuses.
De méchantes cellules débridées, un cœur qui s'affole, et la relativité
des petits agacements quotidiens nous apparait clairement.

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{premiers cadeaux, griffés et joliment emballés; le bouquet de fragonette nantaise a trouvé place dans la cuisine}

Se dévoilent alors la papillote guérison, puis la papillote rémission, et
la vie reprend tout son sens. Parce que les poumons malades avaient grand
besoin de respirer un peu d'air pur, il fallait trouver, pas très loin
de la Grande Ville, un endroit pour les booster. 
Comme il faisait très
froid ce dimanche là... Mais la beauté - qui parait-il sauvera le monde,
était présente au Domaine de la Vallée aux loups*.
Quel endroit magnifique ! Et comme il vaut la peine de sortir les mains
de ses moufles pour en conserver quelques images !

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Arbres remarquables, plans d'eau où cancanent quelques canards, labyrinthes,
potager en repos, treilles et palis, tout est charme ici, et l'on se promet
d'y revenir au printemps, à son réveil, ne serait-ce que pour découvrir cette
drôle de bâtisse en briques roses, qui fut un temps la retraite inspirée de
Chateaubriand, d'où il rédigea les premières lignes de ses mémoires d'outre tombe.

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{de si jolies cachettes, découvertes au fil de la balade, une ambiance un tantinet fantomatique à la Cocteau
pour ce coin du parc 
qui eut pu inspirer son jardin de la Belle et la Bête;
je jure ne pas avoir retouché le rouge de l'érable sur la photo}

Et puis il y a eu aussi ce petit rendez-vous avec la création*, qui m'enchante
un peu plus  chaque année, d'autant que je ne possède aucune des qualités requises
pour faire partie du sérail ! Reste mon enthousiasme, intact, cette envie de
comprendre ce qui pousse encore à inventer, bâtir, imaginer, dans notre société
saturée d'objets, de gadgets et de fanfreluches.

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{le stand Marie-Claire idées, à l'initiative de ce salon; et quelques détails de "L'allée de l'inspiration"}

Restons un peu dans l'esprit "âme enfantine" avec cette coutume qui consiste
à ouvrir, chaque matin de décembre jusqu'au 25, une fenêtre sur une friandise,
laquelle d'avère rarement à la hauteur de l'attente, mais qu'importe.

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{chez "la mère de famille" c'est une villa de l'Avent, toute verte, dessinée par Catherine Meurisse :
il faut prendre le temps d'admirer chaque détail de la fenêtre avant de l'ouvrir ! }

On prépare la maison en se disant que cette année on fera sobre, bien que ce mot
nous semble aussi insolite que peu adapté. Remonter de la cave la grosse boîte
dont les angles menacent de céder sous le poids des boules de verre, des chandeliers
et des guirlandes est déjà une fête. 

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 Pendant le traditionnel séjour à Nantes, on aura pris soin de la gentille
Pirouette, 
qui apparait au jardin au lever du jour, et en disparait tout aussi
mystérieusement 
à la tombée de la nuit, ramassé du petit bois et des branches
de fragon, uniquement 
celles avec les boules rouges, admiré ce petit miracle
qu'est le carré d'iris sauvage arrivé comme ça près du figuier déplumé, tout
comme ce champignon qui déploie sa timide ombrelle parmi les larmes du gingko.

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{récolte qui fait du bien; Pirouette en position de théière chinoise;
couleur inattendue dans un jardin de fin d'automne monochrome}

On vient d'ouvrir la porte numéro 4 de la maison verte, et la fébrilité
commence à gagner. On a fait quelques achats coup de cœur, sans être bien
sûre qu'ils soient partagés par ceux ou celles à qui ils sont destinés.
On attend d'eux une réelle franchise, et on se dit qu'en cas de moue
dubitative, comme on a aimé les acquérir, les récupérer ne sera pas
un trop grand sacrifice !

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{coffret à bougies Byficelle; bouillote en graines de lin A demain; sujets de Noël en bois des petits marchés alsaciens;
papillote A la mère de famille; coussin Marie la Pirate}

 

* Domaine de la Vallée aux loups 

* Créations et Savoir-faire

* A la mère de famille 

* By Ficelle

* A demain

* Marie la Pirate

 

 

31 octobre 2023

Couleurs du temps

L'été parti en claquant la porte, aussi tardivement que violemment,
reconnaissons-le, les temps orange sont revenus.  Chaque année, la soupe
aux courges, les coloquintes et cette drôle de fête qui n'intéresse que
les moins de 12 ans badigeonnent notre quotidien. 

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{un peu d'automne sans orange : lecture coup de foudre, chatte coup de cœur,
tarte aux pommes et pommes de pin, courrier faisant suite à l'expo du MAM}

Couleur tonique pour les uns, réminiscence consternée des seventies
pour les autres, le orange assure une présence si insistante que nous
pourrions en être à deux doigts de l'écœurement. C'est la raison pour
laquelle vous en verrez très peu dans ce billet. Contentons-nous de
célébrer l'automne, saison si photogénique et si généreuse en
exaltations poétiques.

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{"je sais que ma vie sera un continuel voyage sur une mer incertaine, c'est une raison
pour que je construise mon bateau solidement"}

Ce jour-là, une file interminable se presse devant l'entrée du Musée d'Art Moderne*.
Il fait soleil, heureusement, les gens discutent entre eux, liés par l'espoir
impatient d'admirer cette superbe rétrospective des œuvres de Nicolas de Staël.

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Inclassable, insaisissable, il livre une œuvre vive et personnelle, à fleur
de peau, comme exécutée dans une urgence dont lui seul éprouve la nécessité.
Si Nicolas de Staël est un artiste assez éloigné de mes critères habituels,
j'ai indiscutablement été séduite par sa maîtrise des couleurs et son talent
à poétiser l'ordinaire. 

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{les jardins du Musée Bourdelle; le Marais, toujours inspirant}

Un peu de Paris
 était le titre d'un des (nombreux) albums de Jean-Jacques Sempé
en bonne 
place dans une de mes bibliothèques. Ce billet, qui aurait dû vous parler
d'ailleurs, de découvertes et de petits voyages, se contentera d'émietter quelques

 "parisianneries" un peu décousues. La vie est déroutante, elle
vous réserve parfois de drôles de surprises, dont on se serait bien passées.

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{les quais, éternels, un box de bouquiniste, un bateau, la Seine, je ne me lasserai jamais
de ce décor si enchanteur dans sa banalité} 

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{L'hôtel de Soubise abritait il n'y a pas si longtemps les Archives Nationales;
devant, un délicieux jardin orné de topiaires en cuberdons et doté d'un
péristyle, invitant à la lecture ou la contemplation }

Un peu de Paris, donc. Pas de ligne directrice, on attrape un bus, un peu au hasard.
Comme on aurait aimé mieux connaître le temps de ceux dont la plateforme ouverte
pouvait accueillir les retardataires essoufflés ! Dans le Marais, on lâche les rues
commerçantes pour les secrets bien gardés derrière les porches de hôtels particuliers.
On se souvient qu'à l'Hôtel de Soubise, on organisait des concerts de jeunes talents
mécénés par l'entreprise pour laquelle on travaillait. 

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{arrière-cour donnant sur la rue des Francs-Bourgeois} 

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{chez Mamie Gâteaux, rue du Cherche-Midi : décor de grand-mère, salades, quiches, gros gâteaux à la découpe,
souvent copiée, jamais égalée depuis vingt ans !
}

Profiter du passage d'une cousine pour déjeuner chez Mamie Gâteaux*
La salle est comble, mais le service efficace et les desserts à tomber.
On dénombre deux hommes dans cette assemblée de femmes.
La nourriture serait-elle genrée ?

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{les ultimes dahlias au beige rosé délicat clament leur statut de fleurs libres et engagées;
premier et sans doute dernier tome de mon blog, dommage...}

Chez soi, alors que la lumière baisse, on organise un nid ouaté, en tentant
de se débarrasser de tous ces petits objets qui, paradoxalement, encombrent
autant qu'ils réconfortent. Pour conserver ce qui sans doute disparaitra
dans les limbes, on a fait renaitre la Ligne 13 sous forme d'un livre, oui,
un vrai, avec du vrai papier ! Mais la déception est grande, les photos
qu'on aimait à l'écran ont été massacrées à l'impression, tout est sombre
et la mise en page plus qu'approximative.

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{girolles françaises, pâte à tarte maison avec herbes et graines dedans, tarte achevée; livre de recettes si inspirantes
qu'on finit par être convaicue de faire un potage au potimarron !}


Ne faisant pas vraiment partie du Club des amateurs de potiron (et autres
courges butternut, potimarrons, etc) je me venge sur les champignons, une passion
remontant à l'époque où je pouvais les cueillir dans l'humus des grées du
Morbihan. Ces girolles proviennent du primeur du coin de la rue, mais leur
parfum sylvestre me fait l'effet d'une petite madeleine. Se régaler des
premières juste sautées à la poêle, puis faire une tarte avec ce qui reste,
lancer une petite invitation comme ça, et saluer novembre.

 

* Musée d'Art moderne 

* Mamie Gâteaux 

11 octobre 2023

Sonate d'automne

Octobre. Il y eut de si beaux matins, de si jolies soirées avec d'incroyables
ciels passant par toutes les nuances de bleus électriques et de roses tendres,
et des envies pas très raisonnables de vouloir prolonger l'été. La nature ne
s'y retrouve plus, on en est terriblement conscients, mais on laisse ses bras
découverts et ses laines au vestiaire.

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 {Antoinette Poisson est une marque d'édition de papiers dominotés, et leur boutique atelier se niche dans une
de ces fameuses courettes parisiennes qui échappent parfois au regard; les créateurs ont rendu hommage
au XVIIIe siècle en choisissant ce nom, qui est en réalité celui de la Marquise de Pompadour}

Ce soir-là dans la cour intérieure d'une rue près de Bastille, on donnait
comme une fête. Il y avait des huitres et du vin blanc, des terrines végétales
et de la pâte de coing sur les buffets dressés. Il n'est pas nécessaire d'avoir
une bonne raison pour se réjouir autour d'un verre, mais la dédicace d'un album
dédié aux talents conjugués de deux artistes restaurateurs du patrimoine *,
et d'une photographe inspirée, méritait bien cela.  

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{chez Antoinette Poisson, tout est si joli qu'on ne sait où se tourner !}

Un ex-libris calligraphié a même été glissé à la première page du livre, mais il
faudra attendre pour le savourer. C'est un cadeau. Voyons si je saurai être sage
jusqu'au 25 décembre pour le découvrir.

IMG_3338 IMG_3380 II 

{marron pudique, encore vêtu : ce sera donc lui le porte-bonheur de l'année, présent dans une poche du sac à main,
et remplaçant le précédent; le charmant calendrier de Robin Pieterse est à jour}

Dans cette lutte au corps à corps entre été et automne, quelques petits malins
nous ont fait savoir qu'octobre, c'est octobre, et les marrons sont bel et bien
au rendez-vous, même s'il reste ça et là quelques brins de lavande méridionale.

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Une ou deux invitations se sont introduites dans un planning déjà très chargé,
histoire d'étrenner un service récemment chiné, de déguster les derniers melons
si bons cette année, les figues bien sûr, mais pas encore les courges, dont on
ne nie pas la photogénie, mais qui sauront attendre encore un peu.

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{petite nouvelle dans la cuisine, cette carte de France à l'ancienne, où l'on retrouve avec émotion les provinces
d'avant, lesquelles n'ont plus beaucoup de sens maintenant : Aunis, Saintonge, Artois, Bourbonnais...}

 

Chez Antoinette Poisson 

* Robin Pieterse

17 septembre 2023

Chaque année

Chaque année, chaque été, j'emprunte le petit escalier qui descend au jardin
touffu. Chaque année, chaque été, je retrouve les gestes, la clé qui chante
dans la première serrure, l'ouverture à 45° des fenêtres à claire-voie, 
l'installation des tenues dans la penderie, et bien vite, les premiers
pas sur le port déjà trépidant à ces dernières heures d'après-midi.

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{chat squatter, surnommé Arsène par nos soins, apparaissant et disparaissant de façons tout aussi mystérieuses;
les bignones roses, dont j'ai rapporté un plan avec l'illusoire idée de les faire pousser dans un jardin atlantique;
les figues du jardin, prêtes à être mises en tarte}

L'habitude tue-t-elle le plaisir ? La répétitivité, l'attendu, le prévisible
ne finissent-ils pas par devenir ordinaires au point qu'on ne voit plus ce
qui est infiniment beau, donc précieux ?

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{aux Collettes, on est loin de l'exubérance de Giverny ! Ce qu'il y a de plus beau ici, c'est l'immense oliveraie
qui entoure la maison, source d'inspiration évidente pour Renoir qui, a priori, détestait la Côte d'Azur ! }

 On peut puiser en soi ce qui reste des enthousiasmes de l'enfance et nourrir son
étonnement. Car rien n'est jamais vraiment pareil à ce qui fut. Je me souviens 
avoir déjà visité la maison où Auguste Renoir passa les dernières années de
sa vie, aux Collettes, près de Cagnes. Une balade agréable, sans fil conducteur,
dans une bâtisse un peu austère aux pièces quasiment vides. Cette fois-ci, nous
avons réservé une guide passionnée autant que passionnante, et la visite
s'est transformée en un vrai moment de grâce.

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Claude Monet à présent... Qui n'a pas été charmé par telle ou telle exposition
lui étant consacrée, par la visite du musée Marmottan qui recèle nombre de ses
œuvres, par celle de la maison aux volets verts de Giverny et son double jardin,
par la magie de la salle ovale, à l'Orangerie des Tuileries, où l'on se sent
carrément en immersion au milieu des nymphéas ? 
 On croyait donc tout connaître
du maître de l'impressionnisme...

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Le Grimaldi Forum de Monaco cet été lui a rendu un nouvel hommage en se
focalisant 
sur sa période méridionale, de Menton à Antibes, de Roquebrune
à Bordighera. 
Le familier des ciels normands, des brumes rouennaises, a
découvert fasciné 
l'éblouissement des couleurs ardentes ! 

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{juste à côté du forum, un petit jardin japonais, totalement incongru dans son écrin de buildings et de gratte-ciels,
où nous avons fait quelques pas avant de rallier notre port d'attache, tellement plus à notre échelle !}

Parmi les artistes, il y a les "grands", mais aussi les autres. Retourner
Villa Camélia, elle aussi découverte il y a deux ans, admirer les tableaux
d'Haydée Otero, qui mêlent aquarelle, gouache et collage, dans un joli et
joyeux pêle-mêle à la pétulance toute méditerranéenne, et terminer par la
balade qui mène au front de mer, à Cap d'Ail, la ville aux villas chamallow.

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{Les salles de ce petit musée étaient rien qu'à nous ! Belle occasion pour apprécier au calme le talent de cette artiste,
ainsi que le charme des lieux; les villas de Cap d'Ail sont toutes couleur de guimauve : ici, vanille}

Après son loupé d'août, le soleil a tenu à se racheter en septembre. Le calendrier
n'ayant pas les mêmes états d'âme, il a fallu composer avec un soleil qui enfile
son pyjama dès 20h, sans que cela altère l'infinie douceur des soirées, au jardin,
sur le port, sur la plage pourquoi pas, pour la désormais traditionnelle pizza
party, encore une habitude, oui, mais s'en défaire ne serait que vain sacrifice.

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{stocker les belles images pour prolonger l'éphémère; choisir avec soin la carte que l'on enverra pour l'anniversaire
de celui qu'on a découvert, émue, si jeune, un matin de septembre endormi tout près de soi}

Les occasions de pénétrer dans des palais, et surtout d'y être seuls au monde,
n'étant pas si fréquentes, ne doivent pas être négligées. Dans le vieux Nice,
l'entrée discrète du Palais Lascaris n'attire pas grand monde. Nous voici dans
un lieu où le terme "baroque" prend tout son sens ! Amateurs de musique : ce
musée 
détient également une splendide collection d'instruments de toutes époques.

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{le Palais Lascaris, un joyau baroque très italien, caché dans une ruelle du vieux Nice}

Si ce billet très orienté vers l'art pictural n'a pas achevé de vous lasser,
je vous convie à une toute dernière petite visite. Le musée Massena, dont les
jardins donnent directement sur la Promenade, met à l'honneur une rétrospective
du peintre niçois Emmanuel Costa, et c'est un régal. Son trait précis, arachnéen,
s'adoucit en arrière-plans vaporeux, aux teintes étonnamment douces pour
cette région si intensément baignée de lumière. Les personnages, si petits,
comme perdus dans le paysage, sont cependant ciselés au point que l'on peut
distinguer tous les détails de leurs costumes. 

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{rétrospective Emmanuel Costa: encore une découverte, charmante !
s'amuser ensuite à comparer ces paysages anciens avec ce qu'ils sont devenus aujourd'hui...}

A quoi est due la notoriété de certains, la discrétion voire l'anonymat de
beaucoup d'autres ? La boutique attenante ne proposait aucune reproduction
de Costa, ni en cartes ni en affiches, dommage.

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N'ayant pas une grande famille à nourrir, je fais peu de cuisine au quotidien.
Et ce ne sont pas les vacances, malgré leur rythme allégé, qui me donnent de
subites envies de fourneaux. Les salades bigarrées alternent avec les légumes
grillés. On prend les herbes au jardin, la roquette y pousse sans retenue,
manque-t-il une figue pour compléter la tarte ? On se sert dans l'arbre près
du cabanon. Un petit chèvre pour finir, et voilà. Ah pardon, on ajoute parfois
la gourmandise exquise d'une pâtisserie choisie chez Pascal Lac à Nice, ou celle
d'un cœur à l'orange confite, lequel dispute la meilleure place dans la vitrine
de la boulangerie du port, entre la tourte de bettes, la tropézienne et
les sacristains poudrés de sucre glace.

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{toujours partir avec un joli cahier pour écrire, écrire, dessiner, suppléer à une mémoire parfois dilettante;
les merveilles de la pâtisserie Lac; une trouvaille de brocante; un coin de ma chambre orientée à l'est}

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Pourquoi ai-je tant de mal à lâcher la souris ? Pourquoi ce billet semble ne
pas vouloir finir ? Etes-vous encore là ? Dans ce cas je me permets une petite 
rallonge en évoquant ce village varois, recommandé par un hôtelier aixois
chez qui nous avions fait une première halte. Chemin de traverse, oui, car
il a fallu quitter l'autoroute à la grisante vitesse pour emprunter ce que
j'appelle "des routes à charrettes à foin" limitées à 80 km/heure, et rayées
de bandes blanches continues dissuadant de doubler les dites "charrettes"
qui prennent le temps de vivre, elles.

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{c'était jour de marché, les étals regorgeaient de fruits et légumes, mais j'ai préféré zoomer sur les casquettes ! }

Donc, voici Cotignac, image d'Epinal du petit village bourré de charme, bourré
de monde aussi, mais où là encore, il faut savoir s'éloigner pour découvrir
le merveilleux, voire l'insolite. Je vous laisse sur ces images
et vous promet de ne rien publier avant la mi-automne ! 

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{festival de portes à Cotignac; la dernière photo me fend le cœur : je me suis précipitée dans un Spar acheter
quelques barquettes et croquettes pour ce petit amour aux yeux abimés, qui semblait, avec quelques frères
et sœurs du même âge, vivre à l'état sauvage dans un coin retiré du village}


* Grimaldi Forum

* Haydée Otero

* Palais Lascaris

* Palais Massena

* Emmanuel Costa

* Pâtisserie Lac 

 

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