Deux jours à Bruges
Deux jours (et demie) deux nuits, pas plus. On aura sans doute tout dit
sur Bruges, mais ce n'est encore pas assez. Parce que cette ville
qui semble si parfaite, impeccable et soignée presqu'à l'excès,
voire théâtrale, conserve à mes yeux un charme absolu.
Autant vous l'avouer, ce billet n'a nulle vocation touristique.
Je ne vous donnerai aucun détail didactique sur tel monument, quartier,
ou rue incontournables. Ce ne seront qu'impressions,
coups de coeur et enchantements qui accompagneront mes photos.
Impossible bien sûr d'évoquer Bruges sans parler de ses célébrissimes canaux.
Plutôt que de nous entasser dans une barque, nous avons préféré les longer,
en profitant de la lenteur de nos pas pour apprécier chaque détail
des maisons qui les bordent.
Si vous êtes allergiques aux couronnes de Noël, aux bouquets de houx,
aux rubans rouges, attendez mon prochain post (quoique...)
car ici c'est une déferlante !
Les couleurs fusent, violentes et contrastées, c'est un éblouissement,
et nous sommes loin du chic pastel que l'on accorde parfois
à tort aux pays nordiques.
Charmante aussi cette tradition de dessiner le numéro de sa rue sur la façade.
Ici c'est le royaume de la brique, peinte ou brute, on la retrouve partout,
et moi je fonds devant ces maisons de poupées sorties tout droit
d'un album du Père Castor.
Après un premier repas composé de... moules-frites (ça, c'est fait)
nous aurons un peu de mal à trouver un estaminet qui serve autre chose.
Ne pas consommer de viande limite souvent les choix !
Le Pain Quotidien restant une valeur sûre, nous nous sommes jetées
sur la soupe de carottes, les crudités et les oeufs brouillés,
avant de finir en beauté sur un crumble poires-pommes.
{le décor très flamand et les gourmandises du Pain Quotidien}
Tout à côté, sur Simon Stevinplein, LA droguerie-quincaillerie la plus
chic du monde : Dille & Kamille. Une institution. On ne peut pas passer
par la Belgique (ou les Pays-Bas!) sans entrer chez D&K. Et on ne peut pas
davantage en ressortir les mains vides.
Ce qui fut fait...
Pas de mauvaise surprise à Bruges : on trouve ce qu'on est venu, entre autres,
chercher : des vélos, des BD, des gaufres, de la bière, des speculoos.
{bananes, Nutella, Chantilly, sauce chocolat...Qui parle de légèreté ?}
Pour ces derniers, notre boutique préférée est Juliette, pour ses biscuits
artisanaux, ses pains d'épices en forme de coeur, ses gaufres moëlleuses,
ses pâtes de speculoos pas écoeurantes, ses sablés et ses dentelles.
Une autre belle trouvaille que ce délicieux magasin, Duka,
avec un grand choix consacré au monde de l'enfance, mais pas interdit
aux [très grandes] filles que nous sommes, car l'on y trouve aussi
de jolis bijoux fantaisie, quelques vêtements, de la petite déco, le tout
fait dans des matériaux durables, naturels et respectueux de l'environnement.
{j'ai déjà repéré sur un site (lequel ?) ce pochon géant en laine cardée, qui peut servir
de sac à jouets, de panier à linge, ou autre. Super beau !}
L'après-midi du second jour, le ciel était d'un bleu totalement
improbable. La blancheur des petites maisons du béguinage
en devint éblouissante ! Quel bonheur de s'évader quelques
instants dans ce lieu calme et serein, car la difficulté à Bruges
consiste à fuir les hordes de Japonais qui n'ont pas d'autre choix,
eux, pour visiter la ville, que de suivre en rangs serrés
leur guide à casquette et son drapeau de ralliement.
{pratiquement toutes les portes des maisons du béguinage arborent ce vert très particulier}
Prolonger la balade, retarder le temps du retour en contournant le Minnewater
ou Lac d'Amour, jadis lieu d'embarquement des barges qui assuraient
la liaison entre Bruges et Gand.
Les portes entrouvertes laissent parfois entrevoir de curieux décors.
Ici l'entrée d'un restaurant arborant une étoile au Michelin.
Le papier peint à lui seul est une promesse.
Un joli séjour, c'est aussi un vrai confort dans l'hébergement, un service
attentionné, un raffinement de chaque instant. Le Grand Hôtel Casselbergh
aurait été une folie si nous y avions séjourné une semaine, mais deux nuits
restaient une folie raisonnable. Le plaisir de déambuler dans ses immenses
salons richement décorés, de prendre, exceptionnellement, un vrai grand
bain parfumé, de savourer au petit déjeuner autre chose qu'un café-tartines,
d'écouter des chants de Noël en rédigeant ses cartes au coin d'une
des cheminées ont fait partie des petits bonheurs du voyage.
{le Grand Hôtel Casselbergh fut autrefois la résidence du roi Charles II d'Angleterre}
Trois autres très beaux établissement pratiquent des tarifs intéressants
hors périodes de grande transhumance : le De Tuilerieën, le De Orangerie,
et le Dukes' Palace.
Merci d'être allée au bout de ce billet en mettant vos pas dans les miens
pour cette promenade hivernale. J'ai retrouvé Paris, son ciel bas,
ses conducteurs surexités, ses sirènes de police et mon quartier médiocre
à la guirlande indigente et au sapin triste.
Voilà ce que c'est de vivre dans un conte de fées : une fois
le livre refermé, on boude un peu, forcément ;-)