Un court instant
Il est remonté avec son attelage, naseaux fumants, vers son box
dans les nuages loué à l'année. Il a égrené ça et là des rêves,
des surprises, et quelques petites déceptions, mais tant pis,
le paquet était si beau... Un Père Noël, ça se joue
des virus, ça bosse par tous les temps, rien ne l'arrête.
{les ravissants bijoux de bougies offerts par Marie*;
le délicieux porte-bonheur brodé par Sylvie}
Oh bien sûr, il a été un peu surpris, au début, de voir ces familles éclatées,
ces petites tablées, ces gens très seuls devant un écran, ces visages masqués.
{le pandoro des petits déjeuners tardifs... Pour changer du panettone !}
Alors il a fait ce qu'il a pu pour redessiner des sourires et faire battre
des cœurs. Il est allé partout, il s'est démultiplié, il a passé la plus longue
nuit blanche de sa vie. Chez ceux dont les Noëls sont si lointains qu'ils
ne se souviennent que d'une orange, chez ceux qui n'y ont jamais cru,
chez ceux qui ne vivent plus que par procuration.
{quelques images glamour du Bon Marché en habits de gala; les belles attentions
faites main par Isabelle]
Peu de jours auparavant, les plus adroites des blogueuses s'étaient retirées
dans leurs ateliers respectifs pour façonner, dans le plus grand secret,
quelques gracieux travaux d'aiguilles, d'odorantes préparations,
d'émouvantes broderies ou d'exquis dessins, bribes d'enchantements pour
sceller une belle amitié construite au fil des ans sur la Toile magique.
{Monique, Laurence et Sandrine : trois lutins merveilleusement inspirés pour de si jolis présents}
Quoi de plus réconfortant que ces doux échanges qui font battre le cœur
lorsqu'on ouvre sa boîte aux lettres sur autre chose qu'une publicité ?
Des papiers de soie délicats aux teintes naturelles tombe une gerbe
d'étoiles et de paillettes, de petits mots tamponnés, de fleurs séchées.
On est un peu en avance, le calendrier de l'Avent n'a pas encore ouvert
toutes ses portes, mais tant pis, on s'offre cet avant-goût avec
la délicieuse culpabilité de l'enfant désobéissant.
Mais le jour J, en présence de vrais enfants, c'est plutôt la symphonie
des couleurs, la débauche des frisettes et des accroche-cœurs,
le festival des bariolages !
Dans le froufrou des papiers qu'on n'aimerait ne pas blesser mais que
l'impatience nous fait saccager, les rires fusent, les yeux brillent.
On s'est préparés pendant des semaines pour ce court instant.
Mandarines et chocolats luttent pour avoir le lead des parfums enivrants,
le feu dans l'âtre s'assoupit lentement tandis que dehors, la tempête
commence à s'imposer.
On n'ira pas au bord de la mer, on fera juste quelques pas dans la promenade
arborée en contrebas, couper quelques brins de fragonnette et croiser
les promeneurs de chiens avant de rentrer bien vite en secouant ses bottines
crottées sur l'arrête des marches du perron.
Noël 2020 est fini. Encore quelques jours avant une nouvelle année
que l'on n'aura jamais autant attendue.