Vous nous avez manqué
Prudence... Soyons sages... Les pas de côté, les rébellions ou autres
dissidences, gardons-les pour nos petits problèmes sans conséquences.
Certes, le kilomètre autorisé s'allonge, le temps de vivre dehors aussi,
mais qu'il serait dommage de tout gâcher en s'éparpillant et en gaspillant
cette nouvelle liberté conditionnelle. Au bout de la route, il y a Noël,
qui n'aura jamais été aussi désiré.
Mettre la maison en fête ne coûtera pas un euro cette année.
Acharnons-nous sur les petits rubans conservés de plaisirs passés,
les pommes de pin et les pomanders, bricolons de petites
choses maladroites (je parle pour moi...), mettons de l'or dans
le quotidien mais ne sortons que si cela est vraiment nécessaire,
par besoin, mais par courtoisie aussi.
Je sais où aller pour faire plaisir, les géants de la consommation
m'intéressant de moins en moins. Dans les boutiques, une merveilleuse
complicité s'est instaurée entre vendeurs et clients. On se sourit,
les yeux en plissé-soleil au-dessus du masque, on se dit mutuellement:
"vous nous avez manqué" et c'est un sentiment nouveau qui nous envahit,
celui du partage d'un combat contre quelque chose qui nous dépasse,
une quasi fraternité, une envie de conjurer un sort déloyal.
{cartes Line's Law commandées sur Etsy}
Ne pas oublier qu'il y a sur la Toile pléthore de créatrices
douées qu'il convient de faire travailler, car l'artisanat
a été lui aussi mis à mal ces derniers mois. On n'ira cependant
pas au-delà de ses moyens, et de toutes façons la surconsommation
aurait quelque chose de profondément indécent.
{rubans @passageintérieur; carte Atelier Oranger}
A Paris, jamais je n'aurai vu dans les rues autant de
sans-abris... Tentes ballons arrimées au bitume par des fragments
de parpaings, cartons déployés en couches de fortune, campements
hétéroclites... La mendicité semble à présent faire partie
du paysage urbain. On se sent un peu minable avec nos petits paquets.
La sensation grisante du plaisir qu'on a éprouvé à acquérir le cadeau
choisi pour quelqu'un qui vous est cher est douchée par cette réalité
fangeuse. On aimerait tellement, comme dans les contes de Dickens,
mais sans croire aux miracles, un dénouement heureux à tout cela.
{tablier de lin Sostrene Grene; calendrier gourmand Deneuville; torchons de lin faits maison,
cousus à la main car face à une MAC, je suis comme une poule devant un couteau...}
A la maison, on fait un peu de place pour planter le nouveau décor.
On ne sait plus bien où ranger nos coloquintes côtelées, nos marrons
luisants, nos feuilles mortes, le temps passe si vite, on le mesure
en ouvrant une à une les portes du calendrier de l'Avent.
Pour finir, je me suis amusée à commposer un méli-mélo de ce que fut
mon automne (monotone ?)qu'on salue bien avant de plonger sans
enthousiasme dans les rigueurs de l'hiver, sombre saison mal
aimée, toutefois porteuse d'espoir d'un vaccin libérateur.