Jamais je n'avais autant ressenti la violence pernicieuse des journées
d'hiver, leur vacuité destructrice, leur absence de lumière,
quand les petits matins sans couleurs semblent se noyer à peine nés
dans la grisaille du soir.
Mille et une choses à régler, mille et une corvées à assumer,
mille et un projets à monter, et pas la moindre envie de joindre
le geste à la parole.
{très jolie carte envoyée par @moniquepassiondeco; baguette magique Astrid Lecornu;
speculoos Le Pain Quotidien; chat de bois Kikki K}
Au lieu de cela, place à la procrastination, à l'errance, à cet ennui
qui naît du trop-plein de servitudes. Affublée d'un mille-feuilles
de pull-overs pour lutter contre les déficiences du chauffage collectif,
je feuilletais d'amusants ouvrages, à peine lus et déjà oubliés,
sur la meilleure façon de vivre le quotidien,
buvant des litres de thés et cafés, grignotant beaucoup
trop de biscuits même pas faits maison, consciente
du poison avalé à chaque bouchée, m'enthousiasmant puis m'agaçant
devant la fausse vie rêvée d'Instagram...
{"Le livre du wabi-sabi", de Julie Pointer Adams;"Chez les Parisiens" par l'équipe de
My Little Paris; vaisselle Rêve d'Argile}
Et puis, il y a eu tous ces messages reçus en "off", ces gentillesses,
ces attentions, qui donnent tout à coup envie d'avoir envie.
Envie de ne plus voir que de belles choses.
Et pourquoi pas cette intéressante et originale exposition
consacrée aux roux dans ce tout petit musée niché au coeur
de la Plaine Monceau. La rousseur semble avoir été de tout temps
un "phénomène" inspirant des sentiments extrêmes, de la sorcière
à la femme fatale. La femme rousse, surtout, développait
tout à la fois crainte et fascination. Dans cette exposition
qui leur est consacrée,les roux prennent la parole, se révoltent,
s'imposent, des muses de Jean-Jacques Henner et Auguste Renoir
à Sonia Rykiel, Audrey Fleurot, Régine Desforges, le Prince Harry,
en passant par Fifi Brindacier, Spirou et... Obélix !
{Jean-Jacques Henner, La Liseuse, 1883 (détail) © RMN-GP (musée d'Orsay)/ Hervé Lewandowski}
Si vous vous y rendez -l'expo dure jusqu'au 20 mai- après la visite, allez déjeuner
au Millesimes, rue de Courcelles, d'un plat de pâtes à la ricotta et d'un verre
de Brouilly, et faites un tour au Parc Monceau, beau en toutes saisons.
{étude de naïade et portrait de Paul Henner par JJ Henner}
Envie de s'échapper de la vie parisienne et réserver à la Cinémathèque,
pour voir ou revoir "Visages, villages" d'Agnès Varda et JR,
l'extraordinaire vadrouille du jeune photographe à lunettes noires
et de la géniale petite bonne femme-champignon à travers la vraie France,
au cours de laquelle ils croiseront des gens tout aussi authentiques
et touchants, émus de se voir placardés comme des modèles sur
les murs de leurs villages ou de leurs usines.
{Jeannine devant sa maison, la dernière habitée du coron}
Envie de revenir chez Pouchkine, savourer en terrasse au soleil ou
dans un de leurs splendides salons, la pavlova aux fruits rouges,
découverte l'hiver dernier et dont le souvenir reste vif.
Envie de lecture drôle et intelligente comme ce délicieux ouvrage
d'un auteur tchèque, Karel Capek, "L'année du jardinier", paru à Prague
en...1929. Celles et ceux qui possèdent un jardin apprécieront,
les autres se féliciteront peut-être de n'en pas avoir !
{l'album de Triskell a été commandé chez Cheerz; parfum d'ambiance @byficelle;
papier cadeau Monoprix}
Envie de faire revivre en images Triskell mon charmant, ma peluche adorée,
mon sauvage timoré, en créant un album qui lui rendrait, bien
modestement, hommage. Chez Cheerz, la prestation est honnête, l'ouvrage
bien présenté, mais les possibilités de mises en pages un peu limitées.
Envie d'un autre horizon.
Au jardin maternel, la plupart des arbres dorment encore, tandis que
le mimosa explose de tous ses petits soleils duveteux.
Mais lorsque le ciel bleu étincelant vient d'une gifle éolienne
s'obscurcir brusquement, on décide de mettre le nez dans les placards,
dans un louable but de rangement. Et c'est fou ce que l'on y trouve.
Je pensais à toi Marie-No lorsque je suis tombée sur ces
belles assiettes en terre de fer !
{bouillotte sèche garnie de blé en coton bio La maison de Ficelle}
Mais voici que le ciel redevient bleu. On n'y comprend plus rien.
Drôle d'hiver. Pas le meilleur que j'ai pu passer.
Attendons le printemps...