Coins cachés
Ayant noté plusieurs vide-greniers non loin de mon quartier,
j'avais chaussé mes sandalettes jaunes CLIC, mis 20€ en pièces
dans ma bourse, et foncé d'un pas alerte vers le premier,
situé le long du Parc Montsouris. Si celui-ci s'est avéré décevant,
en revanche la redécouverte des "villas", ces ruelles pavées
perpendiculaires au Parc fut un délice.
Heureux Parisiens qui vivez là, merci de ne pas nous fustiger
si nous stagnons un peu trop longtemps devant vos remarquables mosaïques,
vos porches fleuris, vos adorables fenestrons et vos marquises ouvragées...
(Cela ne risque pas de m'arriver, vu la banalité de mon propre immeuble !)
Puis direction XIIIe arrondissement, en longeant les rails du RER,
dont j'ai trouvé la couleur des grilles très poétique,
et quasiment assortie à celle des volets d'une des premières
maisons du Quartier de la Butte aux Cailles.
La Butte aux Cailles fait partie de ces quartiers parisiens
encore confidentiels que l'on découvre avec enchantement sans les avoir cherchés.
Ancienne colline boisée, elle abritait autrefois de nombreux moulins à vent,
ainsi que des commerces utilisant l'eau de la Bièvre souterraine.
Longtemps resté dans son jus, le quartier s'est ouvert
à la convivialité décontractée générée par l'ouverture
de nombreux bars et restaurants hauts en couleur.
Provinciale en journée, voire légèrement assoupie,
cette Butte se réveille la plupart du temps lorsque le soleil descend
derrière l'église Sainte Anne, à l'heure de fermeture des bureaux.
Bistrots et gargotes deviennent alors le théâtre de belles libations.
Ce dimanche-là, je me suis contentée d'un petit café chez Nénesse
(tout un programme !)point stratégique d'observation de la foule qui défile
devant les étals des brocanteurs amateurs.
Dans certaines rues, l'herbe pousse librement entre les pavés,
envahit la chaussée, les trottoirs...C'est la liberté, quoi !
Et n'oublions pas les grafitti, ceux célèbres de Miss Tic,
et d'autres plus...affirmatifs ! :-)
Pour accéder à ce petit bout du monde, il faut emprunter une rue
qui n'est en fait qu'un escalier, la rue Eugène Atget, célèbre photographe
d'un Paris populaire au début du siècle dernier.
Puis déboucher sur le mignon square Brassaï, autre star de la photographie urbaine.
Peu d'échoppes branchées dans ce petit bout d'un arrondissement longtemps
(et à tort) mal aimé. Mais avec un peu de chance, vous tomberez
sur la délicieuse et minuscule boutique de Sharon, La Clarière,
où elle propose une sélection d'objets d'autrefois choisis avec un soin infini,
ainsi que des pièces uniques brodées à la main.
Presqu'à côté, Marcel vend des meubles vintage, des vêtements seconde main,
des bijoux et des objets déco que l'on aime.
Je me demandais pourquoi cette tendresse particulière pour ce quartier,
lorsque l'on sait qu'en fait la capitale en regorge !
J'ai trouvé sans doute une réponse en débouchant Place Verlaine,
face à la statue du Sergent Jules Bobillot qui donna son nom à la rue :
c'est celui de mes 20 ans et de mes premiers pas à Paris...