Entre terre et mer
Monsieur Hulot aurait sans doute pu arpenter de ses longues jambes
la corniche de cette station balnéaire, tant elle semble avoir conservé
dans ses pins maritimes, son sable doré, ses jetées pailletées et
sa brise salée le souvenir délicieux des "colos" d'autrefois.
C'est un peu la Bretagne sans l'être,
puisque le découpage régional a placé Le Croisic en Pays de Loire,
mais on la sent présente dans le souffle des vents d'ouest qui trousse
les cistes et les tamaris, dans le granit rugueux des maisons de pêcheurs
aux fenêtres en lucarne, dans les effluves de beurre salé qui montent
des crêperies en pleine effervescence à l'heure du déjeuner.
{les jardins du Mont Lenigo, aux contreforts façonnés en traverses de chemin de fer}
Alors on profite du généreux moi de mai pour prendre un bain de nostalgie,
on se souvient des départs en autocar au petit matin, les parents fébriles,
les enfants mal réveillés, du chahut à peine les portes refermées
- plus vite chauffeur, plus vite chou-fleur- des pique-niques
au sandwich mou, à l'oeuf dur et aux chips dont la consommation
exceptionnelle parait de mille qualités gustatives, des premiers
contacts avec l'Atlantique et des hurlements de joie car
bien sûr elle était froide et bien sûr c'était délicieux !
{quelques marais salants en bordure de route juste avant l'entrée du village;
et pour le dessert du pique-nique, un "Armoricain" de chez François et Rosalie}
Qualifiée de "petite cité de caractère" comme Rochefort-en-terre cher à mon coeur,
Le Croisic se situe à l'ouest de sa prestigieuse voisine La Baule,
au bout de la presqu'île guérandaise. On achète son petit sachet de fleur de sel
à une des camionnettes garées sur le bas-côté, un peu cher sans doute,
mais c'est tellement plus drôle qu'au Leclerc local...
{la boîte à livres contenait quelques polars et un vieux livre d'histoire :
je n'avais hélas pas terminé ma lecture en cours, sinon j'eus laissé
bien volontiers ma participation !}
Il y a juste ce qu'il faut de touristes pour l'ambiance, juste ce qu'il faut
de nuages pour filtrer la morsure du soleil, juste ce qu'il faut de silence
dans les rues du bourg en repos, avec tout à coup un Tri Martolod qui
s'échappe d'une fenêtre entr'ouverte : pas d'erreur, on est bien en Bretagne.
{comme elles étaient gracieuses les couvertures des magazines féminins d'autrefois...}
De retour dans les terres, on retrouve l'odeur poivrée et humide
des sous-bois, pas tout à fait mais presque le parfum de noix des caves
sombres où l'on allait chercher le fillettes de Muscadet, et aussi
le plaisir de cueillir le dernier muguet de l'année, de saluer les
premiers iris, et de cuisiner les bonnottes juste frottées, avec la peau,
du beurre salé, du thym et quelques pétales de sauge.
J'en profite pour glisser aux Monop'addicts que la collection signée
Nadia Gallardo est tout simplement sublime. J'ai craqué pour ce torchon,
mais j'aurais bien tout dévalisé...
{collection Nadia Gallardo pour Monoprix}
Et puisqu'on est dans le léger (!) confectionner un carrot cake pour le goûter,
et improviser cette micro-recette déjà évoquée sur mon IG, la tartelette express !
- un Traou Mad (ou autre palet breton)
- de la Lemon Curd
- une fraise coupée en deux
- du sucre glace pour faire joli
C'est du niveau masterchef de 3 ans, et avec
un sorbet citron/fraise, c'est divin...